Marc 6, 45-52

Jésus, compagnon de navigation

Origène

Commentaire sur l’Evangile selon saint Matthieu, SC 162, p. 289s

Après avoir multiplié les pains, Jésus contraint ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive. Pourquoi Jésus les contraint-il ? Peut-être les disciples se comportaient-ils comme des gens qui ne pouvaient s’arracher à Jésus, incapables de se séparer de lui, voulant rester à ses côtés, alors que lui désirait les éprouver et leur faire faire l’expérience des vagues et du vent.

Les voilà donc au milieu de la mer, empêchés d’aller sur l’autre rive par l’épreuve des vagues et des vents contraires. Malgré leurs efforts, ils n’ont pu, séparés de Jésus, vaincre les vagues et le vent contraire, ni précéder Jésus sur l’autre rive. C’est pourquoi le Verbe les prend en pitié,  car ils avaient fait tout leur possible pour parvenir sur l’autre rive. Alors, il vint vers eux en marchant sur la mer. Contre lui, la mer n’avait pas de vagues, elle ne pouvait pas lui opposer un vent contraire, même si elle l’eût voulu. Il n’est pas écrit, en effet, marchant vers eux sur les vagues, mais sur les eaux. Jésus monta avec les apôtres dans la barque, et le vent tomba ; il ne pouvait plus agir contre elle, puisque Jésus y était monté.

Après la traversée, ils touchèrent terre à Gennésareth. Remarquons une chose : Dieu est fidèle, et saint Paul nous dit dans sa lettre aux Corinthiens : Dieu ne permet pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces ; avec la tentation, il nous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter ;  il ne permet pas que les foules soient éprouvées au-delà de leurs forces. Le Fils de l’homme a contraint les disciples à monter dans la barque. C’est qu’ils étaient plus forts, donc capables d’atteindre le milieu de la mer, capables aussi de supporter l’épreuve des vagues. Alors ils seraient dignes du secours divin, dignes de voir Jésus, de l’entendre parler, et, ils seraient capables, une fois Jésus à bord, d’achever la traversée, et de toucher terre à Gennésareth. Les foules, elles, Jésus les a renvoyées ; il ne leur a pas imposé l’épreuve de la barque, des vagues, ni du vent contraire, elles étaient trop faibles pour cela.

Si, un jour, nous tombons sous les contraintes des tentations, rappelons-nous et disons-nous que Jésus nous a contraints à monter dans la barque, voulant que nous le précédions sur l’autre rive. Il n’est pas possible, à ceux qui n’ont pas enduré l’épreuve des vagues et du vent contraire, de parvenir, seuls, sur l’autre rive. Dans toutes les difficultés, pensons que notre barque est tourmentée par les vagues et le vent contraire, mais que Jésus est là tout proche, prêt à nous rendre la mer bienveillante, à nous dire : Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur !, et à monter auprès de nous dans la barque.