Jérémie 1, 4-10+17-19

La joie éclate à la naissance de Jean-Baptiste

Saint Bernard

Sermon pour la Nativité de saint Jean-Baptiste, OC VI, p. 526s

          Entreprenons, frères, de pénétrer dans les trésors éclatants des vertus que le Dieu de majesté a entassés avec grande générosité dans le cœur de son ami Jean-Baptiste. Aujourd’hui, en la fête de sa nativité, regardons la joie qui éclata le jour de sa naissance.

          Rougis, Lucifer, rougis toi qui te levais le matin, et en voyant le vain résultat des efforts que tu as tentés, comprends enfin que jusqu’au dernier jour tu resteras aussi sot qu’une perdrix ! Tes stratagèmes ont été cause que tous les hommes naissent dans la souffrance. Mais voilà que cet enfant est sanctifié dès le sein de sa mère, qu’il paraît dans la joie, et qu’il répand l’allégresse dans le monde le jour de sa nativité. Le genre d’armes, que tu avais choisies pour ta victoire, servent au triomphe de Jean ! Saisis le bouclier et les armures, livre-toi à toute ta malice. Tu as été bien trompé, bien joué ! Ignores-tu qu’un homme guerrier, dès son adolescence, même dès le sein de sa mère, se lève contre toi ? Ne sais-tu point qu’à partir de son temps, le Royaume des cieux souffre violence et que ce sont les violents qui l’emportent. As-tu oublié que cet enfant est envoyé pour préparer au Seigneur un peuple parfait ? Considère la suite des événements, et tu trouveras que, dès les commencements de sa conception, il a porté, dans un effort puissant à ta force, un coup qui l’a brisée. La nativité de Jean est une joie et une éclatante solennité. L’univers se réjouit et, dans les quatre coins du monde, résonne le bruit de cette glorieuse fête, célèbre et remarquable pour le ciel lui-même. Que pensez-vous que sera cet enfant ? L’ami de l’époux est plus fort que toi. Il faut considérer aussi avec quelle distinction et dévotion éclatante est célébrée cette nativité, et quelle ferveur elle a pu trouver aux yeux de l’Eglise. L’Eglise ne célèbre, dans son cycle, aucune naissance humaine, si ce n’est celle du Seigneur et celle de sa mère, à l’exception de celle-ci. Elle connaît, en effet, que le jour de la mort est préférable à celui de la nativité. De là vient qu’elle solennise le jour de la mort des martyrs, et non celui de leur naissance. En déposant la vie pour la vraie Vie, ils naquirent de la mort à la Vie. Quant à la nativité de notre saint, l’Eglise l’honore, d’autant plus sûrement avec une bienveillance marquée, que l’irréfragable autorité de l’Evangile en fait un éloge plus singulier.