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Sur Genèse 9,1-17
Aux jours de Noé, la nouvelle Alliance

Paul Beauchamp
Aux jours de Noé, la nouvelle alliance, AS 14, p. 15s

Si Adam est venu au premier jour de l’histoire, Noé survient pour ainsi dire à son premier lendemain. Bien que l’Alliance avec Adam n’ait pas été explicitement formulée comme telle, l’Alliance avec Noé est une nouvelle Alliance parce qu’elle restaure le lien qui unissait Dieu et l’humanité depuis Adam.
La nouvelle Alliance est autre que la première parce qu’elle contient des éléments et un sens que la première ne contenait pas. Le simple fait qu’il a fallu recommencer, et les circonstances de ce recommencement, impliquent un changement qualitatif. La nouvelle Alliance survient après la plus large extension du péché et après le déluge universel. En cela, c’est une Alliance de pardon et de miséricorde. Toutefois, Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et il marchait avec Dieu. Noé n’apparaît pas comme pécheur pardonné, ni même comme le juste qui sauve ses contemporains, si ce n’est sa famille et les espèces animales. Sa fonction est autre : Noé est le juste qui sauve l’avenir. Tout recommence à partir d’un mal universel au milieu duquel le bien tenait une place infime. Israël a connu le désespoir à l’échelle de toute l’humanité et s’est interrogé.
La réponse porte en elle la substance de l’Alliance nouvelle, car celle-ci est éternelle. Ce trait essentiel n’avait pas été manifesté dans la première Alliance. C’est donc après que le mal s’est déployé en surabondance, que la bonté de Dieu se déclare avec plus d’ampleur. Après ce que l’homme a montré de lui-même, l’Alliance vient garantir que la bonté de Dieu gardera le dessus.
Tout contrat s’accompagne d’un document. L’arc-en-ciel remplit cette fonction de memento : Je le verrai et me souviendrai de l’Alliance éternelle. Nous voyons dans ce phénomène météorologique surtout les couleurs ; les Hébreux y voyaient surtout l’arc, qu’ils associaient à tout un réseau de symbole du Dieu des armées. Tout ce qui passe dans le ciel, éclairs, tonnerres, ondées, lumière et vent, se rattachait aux armes et aux combats du Dieu guerrier : le déluge est une de ces manifestations. Mais l’arc-en-ciel n’est pas seulement une arme, c’est une arme replacée au mur, un signe de repos. Retenons que le symbole choisi pour la paix est une arme, un peu comme l’épée devenue soc de charrue, et la lance devenue faucille. La paix de Dieu, c’est l’union des contraires. Selon l’histoire de Noé, le péché de l’homme est la violence, qui est aussi son châtiment : Qui verse le sang de l’homme, par l’homme aura son sang versé. Le châtiment du déluge est pourtant venu de Dieu lui-même. La paix nouvelle n’est pas l’oubli, puisque c’est l’arme suspendue qui porte Dieu à se souvenir de l’Alliance éternelle. La paix n’est pas débonnaireté insignifiante.