Sur Luc 4, 21-30
Le discours programme de Jésus dans la synagogue de Nazareth

Philipe Bossuyt
Jésus Parole de la grâce selon saint Luc, p. 157s

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus cite, tout en le modifiant, le prophète Isaïe (61,1-2) ; cette citation appartient à un ensemble plus vaste (60-62) laquelle parle de la restauration de Jérusalem.
Cette citation nous place au cœur de l’attente messianique ; en la reprenant à son compte, Jésus semble proclamer un « Jubilé » extraordinaire ; par l’annonce d’une « année d’accueil du Seigneur », il affirme que sa venue accomplit les espérances du peuple, entendant par là un peuple non plus particulier, mais universel. La signe en est que le salut, dorénavant, commence par des pauvres, des déshérités. Le verbe « proclamer », répété par Luc, accentue la valeur révélatrice de la venue de Jésus. Cette venue coïncide exactement avec l’avènement du Royaume de Dieu, et la proclamation qui en est faite est parole efficace, réalité de l’agir divin parmi les hommes. Le terme de « liberté », également répété par l’évangéliste, désigne une action libératrice pour tous les malheureux : comme dans la Loi du Jubilé, il s’agit de mettre fin aux situations humaines intolérables pour le Royaume de Dieu. En tant que prophète de ce Royaume dont il est en même temps le Roi, Jésus proclame que la grâce du Seigneur est désormais offerte à quiconque souffre. On conçoit dès lors l »écho admiratif de tous les assistants.
En mettant l’accent sur « l’aujourd’hui », Jésus se déclare le prophète messianique annoncé par Isaïe : les derniers temps commencent avec son ministère public, comme le signale le verbe d’accomplissement que Luc n’utilisera plus qu’à la Résurrection. Sa mission est de proclamer et d’inaugurer en sa personne une ère de grâce, de rémission, de libération : le temps de la bienveillance divine. Il introduit dans le temps des hommes l’aujourd’hui de la grâce de Dieu ; il est littéralement l’aujourd’hui de la grâce. Les « paroles de la grâce » que profère Jésus se confondent avec sa présence : il est la grâce qu’il apporte.