fete du Bapteme du Seigneur, 2° lecture

Sur Isaïe 42,1-8 + 49,1-9
Descente et remontée
Benoît XVI
Jésus de Nazareth, tome I, p. 38s

Dans sa liturgie et sa théologie des icônes, l’Eglise d’Orient a développé et approfondi une conception particulière du baptême de Jésus : elle y voit un rapport profond entre le contenu de la fête de l’Epiphanie, lors de laquelle, en Orient, on célèbre Jésus proclamé Fils de Dieu par la voix venant des cieux, et celui de la fête de Pâques. En l’évangile de Matthieu, dans les paroles de Jésus à Jean : C’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste, les chrétiens d’Orient entendent par anticipation les paroles prononcées à Gethsémani : Mon Père, non pas comme je veux, mais comme tu veux. Les chants liturgiques du 3 janvier correspondent à ceux du mercredi de la Semaine sainte, ceux du 4 janvier à ceux du Jeudi saint, les chants du 5 janvier à ceux du Vendredi saint et du Samedi saint.
L’iconographie reprend ces correspondances. L’icône du Baptême de Jésus représente l’eau comme un tonneau liquide ayant la forme d’une grotte sombre, qui est elle-même le signe iconographique représentant l’Hadès, le monde souterrain, l’enfer. La descente de Jésus dans ce tombeau liquide, dans cet enfer qui l’enserre complètement, est ainsi l’accomplissement avant l’heure de la descente dans le monde des morts : Descendu dans les eaux, il a ligoté l’homme fort, dit Cyrille de Jérusalem. Jean Chrysostome écrit : S’immerger et émerger sont le symbole de la descente aux enfers et de la résurrection. Les tropaires de la liturgie byzantine fournissent encore une autre référence symbolique : A l’époque, le Jourdain reflua devant le manteau d’Elisée, les eaux se divisèrent et libérèrent une voie au sec en tant que symbole véritable du baptême grâce auquel nous parcourons la route de la vie (Paul Evdokimov).
Ainsi le baptême de Jésus est compris comme une répétition de la totalité de l’histoire, qui reprend le passé et anticipe l’avenir : l’entrée dans le péché d’autrui est une descente en « enfer », une descente dans la maison du mal, une lutte avec l’homme fort qui retient l’homme prisonnier. Cet homme fort et invincible va être terrassé et ligoté par plus fort que lui, l’égal de Dieu, qui peut donc prendre sur lui toutes les fautes du monde et les endurer jusqu’au bout. Ce combat est le « tournant » de l’être qui opère une nouvelle constitution de l’être, et qui prépare un ciel nouveau et une terre nouvelle. Sous cet angle, le sacrement du baptême apparaît comme un don faisant participer au combat de Jésus pour la transformation du monde, grâce au tournant de la vie qui est advenu avec la descente et la remontée.