Fete du Bapteme du Seigneur, 3° lecture

Sur Luc 3, 15-22
Renaître en Jésus-Jésus
Saint Augustin
Livre de la foi, de l’espérance et de la charité, OC 21, p. 320s

Ce n’était pas une nouvelle naissance que recevaient ceux qui étaient baptisés par Jean. Jean dans ce ministère n’était que le précurseur ; il disait : Préparez la voie au Seigneur, c’est-à-dire à celui seul en qui les hommes pouvaient renaître. Le baptême de Jésus-Christ n’est pas seulement, comme celui de Jean, le baptême de l’eau, mais aussi celui du Saint-Esprit afin que, quiconque croit en Jésus-Christ, soit régénéré par l’Esprit-Saint. De là cette parole que le Père fit entendre sur son Fils : Aujourd’hui, je t’ai engendré. Par-là, Dieu n’indiquait point le jour où le Christ a été baptisé, mais le jour de l’immuable éternité, et voulait apprendre au monde que cet homme était la personne même de son Fils unique. Car le jour qui n’a pas de précédent et qui n’a pas de lendemain, est éternellement le jour d’aujourd’hui. Jésus-Christ a donc voulu recevoir le baptême de l’eau des mains de Jean, non pour effacer aucune iniquité puisqu’il en était exempt, mais pour donner l’exemple d’une grande humilité. Il n’y avait en lui rien qui dût être purifié par le baptême. Si le Seigneur a agi ainsi, c’était pour triompher du démon par la vérité de sa justice divine, et non par la force de la puissance qui était en lui ; ainsi le démon perdit l’empire sur tous ceux que le péché avait mis sous sa puissance. C’est porté par un esprit de charité et de miséricorde que le Christ a reçu le baptême et a subi la mort. Un seul devait effacer du monde le péché qu’un seul y avait introduit, et répandu sur tout le genre humain.
Il faut remarquer toutefois qu’Adam n’a introduit dans le monde qu’un seul péché, mais que Jésus-Christ a effacé, non seulement cet unique péché, mais tous ceux que les hommes y avaient ajoutés. C’est ce qui fait dire à l’apôtre Paul : Il n’en va pas de la grâce comme des suites du péché d’un seul, car le jugement de condamnation vient d’un seul péché, mais le don de la grâce nous justifie de tous les péchés. En effet, le péché originel suffit seul pour nous mettre sous le coup de la condamnation, mais la grâce, même après de nombreux péchés, justifie l’homme qui, outre ce péché originel commun à tous, contracté à sa naissance, en a encore commis beaucoup d’autres qui lui sont propres.
Ce que l’apôtre ajoute peu après : Comme par la faute d’un seul ce fut pour tous les hommes la condamnation, ainsi, par l’œuvre de justice d’un seul, tous les hommes reçoivent la justification qui donne la vie, fait voir clairement que quiconque est né d’Adam est sous le coup de la condamnation universelle, dont ne peuvent être affranchis que ceux qui renaissent en Jésus-Christ.