Lundi de la 1ere semaine du temps ordinaire

Sur Genèse 1,1 – 2,4a
Comment Dieu a créé ?
Saint Augustin
Œuvres Complètes, tome 11, Des merveilles de l’Ecriture, livre 1er, p. 123s

L’Ecriture rend souvent à Dieu ce glorieux témoignage : Ses œuvres sont grandes, incompréhensibles, innombrables (Job 9,10). Dieu a comme établi le solide fondement de toutes ces merveilles lorsqu’il a tiré du néant les êtres qu’il a créés. Le Créateur éternel et tout-puissant de tout ce qui existe a seul préexisté à toutes les créatures sans autre succession de temps : voulant ensuite rendre sensibles dans les créatures l’immensité de cette bonté, de cette puissance, de cette bienveillance dont il portait en lui une source inépuisable, il a divisé et coordonné les espèces si variées des êtres visibles et invisibles, c’est-à-dire corporels et spirituels, intelligents et privés de raison. Ce fut l’œuvre des six jours successifs qui nous enseigne clairement que Dieu acheva le sixième jour tout ce qui avait rapport à la création du ciel et de la terre : Dieu accomplit toutes ces œuvres le sixième jour, et il bénit le septième jour parce qu’il s’était reposé après avoir créé tous ses ouvrages, paroles qu’il faut entendre dans ce sens que Dieu acheva toutes ses œuvres le sixième jour, et qu’en se reposant le septième jour, il cessa de produire de nouvelles espèces de créatures, mais non d’agir. C’est d’après ces paroles de Notre Seigneur répondant aux Juifs qui l’interrogeaient sur le repos du sabbat : Mon Père ne cesse point d’agir, et non aussi je ne cesse pas d’agir (Jean 5,17), que nous n’hésitons pas à croire qu’il a terminé toutes ses œuvres le sixième jour, qu’il s’est reposé le septième, et cependant il ne cesse point d’agir, qu’il ne cesse de gouverner le monde qu’il a créé. D’un côté, c’est le Dieu qui crée, de l’autre le Dieu qui gouverne ; et lors même que nous voyons paraître au sein de la création quelque phénomène nouveau, nous devons croire, non pas que Dieu produise de nouvelles natures, mais qu’il tire des profondeurs secrètes de la création ce qu’elles tenaient de caché à nos yeux. Ces actes extraordinaires, lesquels font éclater la puissance de celui qui gouverne d’une manière plus sensible que l’uniformité habituelle des lois ordinaires qui président au gouvernement du monde, sont appelés les merveilles de l’Ecriture. Restons bien convaincus de cette vérité que lorsqu’il eut tiré du néant toutes les natures créées, Dieu s’est reposé après avoir achevé son ouvrage, mais qu’il ne cesse pas un instant de gouverner tout ce qu’il a créé. D’après le récit de la Genèse, c’est en six jours distincts que toutes les créatures ont été tirées du néant, cependant il ne faut pas voir dans ces six jours distincts une véritable succession de temps, mais la manifestation successive des œuvres de la création. Car l’historien a cru devoir diviser dans son récit ce que Dieu n’avait point divisé dans l’accomplissement de son œuvre. En effet, Dieu a créé en un seul instant tout ce qui existe (Ecclésiastique 18,1), c’est-à-dire que par un seul acte de sa volonté et sans aucune succession de temps, il a tiré du néant toutes les espèces si variées des créatures, et qu’il ne cesse depuis leur création de leur donner, dans le temps, la forme et la perfection.