Mardi de la 1ere semaine du temps ordinaire

Sur Genèse 2,4b-25
Le second récit biblique de la création
Bernard Sesboué
Croire, chapitre 6 : Dieu qui a fait le ciel et la terre, p. 131s

Le second récit de la création, dans la Genèse, focalise son intérêt sur la création de l’homme et de la femme. L’acte créateur du monde entoure cette double formation et décrit la constitution d’un lieu merveilleux, un jardin en Eden, appelé couramment paradis terrestre, dont quatre fleuves assurent l’irrigation.
Pour la création de l’homme, Dieu se comporte comme un potier qui forme un modèle à partir de la poussière de la terre. Puis il lui donne le souffle de la vie. La création est l’acte libre d’un Dieu personnel. L’homme est alors placé dans un jardin dont il sera le maître ; il pourra manger des fruits de tous les arbres, mais avec une exception pour l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’homme est donc un intendant, non un maître absolu. L’intention affectueuse et amoureuse de Dieu pour l’homme s’exprime à travers la scène du modelage ; Irénée parle avec tendresse de l’attitude de Dieu à l’égard de l’ouvrage par lui modelé. Tertullien a un trait de génie lorsqu’il lit les correspondances mystérieuses entre les différentes étapes de l’Histoire du Salut : Tout ce qui était imprimé dans ce limon, c’était la pensée du Christ, l’homme à venir. Quand il créait l’homme, Dieu pensait au Christ, l’homme à venir ; l’homme est créé à la ressemblance du Christ, de celui qui devait s’incarner dans la même chair.
La création de la femme appartient au même registre du symbole de l’amour. Quel est le sens de ce profond sommeil dans lequel tombe Adam, et quel est le sens de ce fait de l’apparition du langage tout de suite après ? La première parole humaine est l’admiration émerveillée devant celle que Dieu vient de donner à Adam : Vint la femme et advint à l’homme la parole, dit Paul Beauchamp. Ce récit nous dit ainsi que la femme est une part de l’homme lui-même, que sans elle il lui manque quelque chose. Adam la reconnaît donc pour sienne : Os de mes os et chair de ma chair. Et en même temps, elle est une autre personne, un vis-à-vis : elle s’appellera ishâh, c’est-à-dire femme, féminin de ish homme ; elle aura donc le même nom, mais légèrement transformé pour dire sa spécificité. Entre l’homme et la femme, un lien très fort est proposé : l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, ils deviennent une seule chair. Une seule chair évoque l’union conjugale où la totalité de l’être humain se trouve ainsi reconstituée dans une unité qui reste double ; l’union des corps symbolise celle des cœurs. L’expérience maternelle est un véritable mystère qui dépasse le domaine du biologique ; le biologique en effet ne rend pas compte de la décision amoureuse, et créatrice elle aussi, de deux époux qui décident d’avoir un enfant, qui le projettent dans l’avenir, vivent de son attente et lui donnent dès son arrivée un nom.