Samedi de la 1ere semaine du temps ordinaire

Sur Genèse 8,1-22
La sortie de l’Arche

Saint Augustin
Contre Fauste, Livre XII, chapitre XIX-XX, OC 25, p. 561s

Le septième mois, l’Arche s’arrêta, c’est-à-dire qu’elle se reposa, ce qui nous ramène au repos du septième jour de la création, repos dans lequel les saints sont entrés, repos qui nous est promis en espérance. Lorsque le corps se réunit à l’âme, le repos où les saints entrent après cette vie ne prend pas fin pour cela ; c’est le contraire, il place l’homme tout entier dans le bonheur de la vie éternelle, non plus seulement en espérance, mais en réalité, après l’avoir renouvelé en tout point par le salut parfait qui consiste dans l’immortalité de l’âme et du corps, haut et profond mystère du sacrement de la régénération, c’est-à-dire du baptême. L’eau, lors du déluge, s’éleva de quinze coudées au-dessus des plus hautes montagnes ; cela veut dire que ce mystère dépasse toute la sagesse des esprits superbes ; cela indique la profondeur du baptême dans la consécration de l’homme nouveau pour tenir la foi du repos et de la résurrection.
L’Arche arrêtée, les eaux baissent ; quarante jours s’écoulent, le corbeau est lâché ; il ne revint point. Il est la figure des hommes aux passions immondes et hideuses, attachées par elles dans le monde ; ils sont retenus par ceux qui vivent hors de l’Eglise. La colombe, lâchée à son tour, ne trouve point où se poser : elle signifie que le repos promis aux saints ne se trouve point en ce monde. La colombe est relâchée sept jours après ; elle rapporte un rameau d’olivier pour montrer qu’il y a des hommes qui, avec douceur et charité, peuvent être ramenés dans l’Eglise. Lâchée une troisième fois, la colombe ne revint plus. C’est l’image de la fin du siècle : alors le repos des saints ne sera plus dans le sacrement de l’espérance qui réunit l’Eglise en un seul et même corps, maintenant qu’on boit ce qui s’est écoulé du côté du Christ, mais dans la perfection du salut éternel, quand l’empire sera remis à Dieu le Père, et que nous n’aurons plus besoin d’aucun mystère corporel, parce que nous serons dans la claire contemplation de l’immuable vérité.