Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi
Mgr Jacques Perrier
L’Evangile de Lourdes, p. 50s

Les sources sont fréquentes à proximité des sanctuaires mariaux. Mais la source de Lourdes a un caractère particulièrement biblique et évangélique.
Dans l’Ecriture, les eaux apparaissent dès le premier chapitre de la Genèse. L’eau est plus primitive encore que la terre. Quand l’Eglise bénit l’eau dans la Vigile pascale, elle rappelle le Déluge qui noie le monde pécheur, la Mer Rouge qui sauve le peuple d’Israël, le Jourdain où le Christ a été baptisé. Mais l’eau ne se trouve pas seulement dans les fleuves et les mers, elle coule aussi dans les sources qui permettent aux hommes et aux bêtes de boire, et donc de vivre.
L’exemple le plus typique dans l’Ancien Testament est la source qui jaillit du rocher pour abreuver le peuple d’Israël dans sa marche à travers le désert. Sur l’ordre de Dieu, Moïse frappe le rocher, et l’eau s’écoule en abondance. L’événement s’inscrit dans la mémoire d’Israël. Il faut s’en souvenir pour lire l’évangile selon saint Jean.
A la femme de Samarie, au bord du puits, Jésus promet l’eau vive, l’eau « qui jaillit en vie éternelle ». Un jour de fête, à Jérusalem, Jésus proclame : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive celui qui croit en moi. Selon le mot de l’Ecriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit » qui n’était pas encore répandu « parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ».
La glorification de Jésus, chez saint Jean, c’est son exaltation sur la croix. Saint Jean est le seul évangéliste à rapporter une scène, par ailleurs très vraisemblable, de la Passion : le coup de lance qui transperce le côté de Jésus, « d’où il sortit aussitôt du sang et de l’eau. Or il se trouve que, le vendredi 26 février 1858, lendemain du jour où la Vierge Marie avait demandé à Bernadette « d’aller boire à la fontaine, et de s’y laver, était célébré, dans le diocèse de Tarbes, la fête de la Sainte Lance. Ce vendredi, la Dame n’apparaîtra pas, mais l’eau déjà coulera et deviendra, de jour en jour pour un plus grand nombre, un signe de renouveau spirituel et de guérison.
A Lourdes, le rocher et la source sont indissociables, comme le Christ et l’Esprit Saint. L’eau sort d’abord toute boueuse : c’est sur la croix, dans le moment suprême de son sacrifice, que le Fils transmet l’Esprit, tout en rendant son dernier soupir. Jean aime ces expressions à double sens, mais à forte portée symbolique.
Spontanément, Bernadette s’est dirigée vers le Gave. Comme elle, spontanément, nous nous tournons vers ce qui fait le plus de bruit. Mais la Dame, patiemment, l’a orientée vers le fond de la Grotte : c’est dans la mort et la résurrection du Christ que nous trouverons l’eau vive de l’Esprit. Marie est à sa place : elle désigne, elle encourage, elle ne prétend surtout pas être la source.