Sur Exode 34, 10-28
Par la Loi, Dieu éduquait son peuple
Saint Irénée
Contre les Hérésies, Cerf, 1985, Livre IV, 14,2 – 15,1, p. 447s

Au commencement, Dieu a modelé l’homme pour le combler de ses dons : il a fait choix des patriarches en vue de leur salut, il s’est formé un peuple pour apprendre aux ignorants à suivre Dieu, il instruisit les prophètes accoutumant l’homme dès cette terre à vivre en communion avec Dieu. Lui qui n’avait besoin de rien, il accordait sa communion à ceux qui avaient besoin de lui.
Pour ceux qui lui étaient agréables, il dessinait, tel un architecte, l’édifice du salut ; à ceux qui, en Egypte, ne voyaient pas, il servait lui-même de guide ; aux turbulents du désert, il proposait une Loi bien adaptée ; à ceux qui entrèrent en Terre promise, il accorda un héritage convenable ; enfin à ceux qui se convertirent en revenant vers le Père, il immola le veau gras et les revêtit de la plus belle robe. Ainsi de multiples manières, il disposait le genre humain en vue de la symphonie du salut.
Voilà pourquoi, dans l’Apocalypse, Jean déclare que sa voix était comme la voix de multiples eaux (1,15). Oui, elles sont vraiment multiples les eaux de l’Esprit de Dieu, parce que riche et multiple est le Père. Et, passant à travers toutes ces eaux, le Verbe venait en aide à ceux qui lui étaient soumis prescrivant à chaque créature la Loi qui lui convenait.
Ainsi donna-t-il au peuple les Lois qui réglaient la construction du tabernacle, édification du Temple, le choix des Lévites, les sacrifices et les oblations, les purifications et le service du culte. Il n’avait nul besoin de tout cela : depuis toujours, il abonde de tous ces biens, il a en lui-même toute odeur de suavité et toutes les fumées des parfums, bien avant que Moïse n’existât. Il éduquait ainsi un peuple toujours prêt à retourner aux idoles, le disposant à persévérer dans le service de Dieu, l’appelant par des pratiques secondaires aux principales, c’est-à-dire par des figures aux véritables, par le provisoire à l’éternité, par la chair à l’esprit, par le terrestre au céleste.
Ainsi la Loi était pour tout le peuple à la fois pédagogie et réalité des réalités à venir.