Sur Ac, 1-26

Lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant Lui
Ysabel de Andia
La voie et le voyageur, p. 473s

Ce que nos mains ont touché du Verbe de vie. Qu’est-ce que les Sainte femmes ont touché ? Qu’est-ce que les apôtres ont touché avec leurs mains ? Le corps du Christ avant et après sa résurrection, en particulier sa poitrine, son cœur et ses plaies, et ce toucher a une signification hautement spirituelle.
Jean s’est penché sur la poitrine de Jésus, il a reposé sur la poitrine du Verbe ; Jean a posé son oreille sur le cœur du Verbe fait chair, il a entendu les secrets de sa Personne divine, et il est devenu « théologien ». or, le coup de lance ouvre le cœur de Jésus que Jean a entendu battre ; dans le jaillissement de l’eau et du sang, les Pères ont vu la naissance de l’Eglise et de ses sacrements. Après sa résurrection, lorsque Jésus dit à Marie-Madeleine : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père, il lui défend de le retenir sur terre, car il va vers le Père, l’obligeant à dépouiller son amour de toute possessivité et l’entraînant avec lui au ciel.
Mais lorsque Jésus commande aux disciples de le toucher, il veut leur montrer qu’il n’est pas une apparition sans consistance, un rêve sans chair : Palpez-moi, rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni os, ni chair, comme vous voyez que j’en ai. Le toucher est un sens réaliste : toucher quelqu’un, c’est se rendre compte de la réalité de son existence. Et lorsqu’il dit à Thomas : Porte ton doigt ici, voici mes mains, avance ta main et mets-la dans mon côté, ce qui est touché, ce sont les blessures de sa Passion, signes de sa mort, ce sont les signes de sa Passion, inscrits dans son corps ressuscité qui attestent l’identité du Corps du Christ, mort et ressuscité : c’est le même ! Les apparitions du Christ ressuscité aux apôtres fondent la foi apostolique. C’est pourquoi Jésus ajoute : Ne sois plus incrédule, mais croyant. Et Thomas de lui répondre : Mon Seigneur et mon Dieu.
Les sens spirituels de l’odorat et du toucher qui ont pour objet le Christ ressuscité s’accompagnent d’un acte de foi : Mon Seigneur et mon Dieu. Ce qu’alors Thomas a touché, c’est la divinité de Jésus. Dans la Passion, le corps de Jésus est transpercé, et ce sont ces ouvertures, les plaies du Christ et le Cœur du Christ, qui révèlent la profondeur du mystère du Christ mort et ressuscité.
La représentation du corps humain, pour les Grecs, est celle d’un jeune éphèbe dans la splendeur de sa jeunesse, tandis que le corps du Christ qui est offert à la contemplation des chrétiens est un corps blessé dont les blessures sont trouées de gloire. Le toucher est aussi pris dans un sens métaphorique pour signifier le contact de l’âme avec la Divinité : saint Jean de la Croix parle souvent des touches ( toques) de Dieu dans l’âme.