Actes des Apôtres 1 15-26
Le choix de Matthias

Saint Jean Chrysostome
Homélie III sur les Actes des Apôtres, OC XIV, p. 449s

Hommes, mes frères, il faut choisir parmi nous, il faut que l’un d’entre nous devienne avec nous témoin de la Résurrection de Jésus ; il nous faut le choisir parmi ceux qui se sont unis à nous depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour où le Seigneur s’est dérobé à nos yeux. Dans quel but Pierre fait-il cela ? Pour que le chœur sacré ne demeure pas incomplet. Eh quoi ! Pierre n’avait-il pas le droit de nommer quelqu’un ? Il l’avait assurément ; mais pour ne pas paraître faire une faveur, il n’en use pas. Du reste, il n’est pas encore participant de l’Esprit ! La Pentecôte n’a pas encore eu lieu.
Ils en présentèrent deux, Joseph surnommé Barsabas, et Matthias. Ce n’est donc pas Pierre qui les a présentés ! C’est tout le monde. Lui venait de donner le conseil, en montrant qu’il l’avait puisé dans une antique prophétie, et non dans sa propre inspiration. Il ne commande pas, il interprète. Joseph appelé Barsabas, surnommé le juste. Probablement c’est à cause des homonymes que l’auteur ajoute ces indications. Ils en présentèrent donc deux. Pourquoi pas davantage ? Pour que l’inquiétude fût moins grande, et le choix moins incertain. Ce n’est pas non plus sans cause qu’un second candidat est présenté : cela montre que la considération dont on jouit auprès des hommes n’empêche pas que l’on ne soit bien souvent inférieur aux yeux de Dieu.
Puis ils se mirent à prier, en disant : Seigneur, Toi qui connais les cœurs de tous, indique celui des deux que tu veux, pour qu’il prenne, dans le service de l’apostolat, la place que Judas a délaissé. Toi, Seigneur, et nous pas nous… Ils ont raison d’invoquer Celui qui connaît les cœurs : c’est lui qui doit faire le choix, et non ceux qui ne voient que le dehors. Ils ne demandent pas que Dieu choisissent, ils lui demandent de montrer celui qu’il a choisi. Cependant c’est à bon droit qu’ils rappellent le crime de Judas, quand ils déclarent qu’ils demandent un témoin, ne voulant pas en augmenter le nombre, mais ne consentant pas non plus à le laisser diminuer. Ils tirèrent ensuite leurs noms au sort ; je le répète l’Esprit Saint n’avait pas encore été donné, le sort tomba sur Matthias, et il prit rang avec les onze apôtres. Pourquoi tirent-ils ainsi au sort ? Ils ne se jugeaient pas dignes de faire l’élection par eux-mêmes, ils désirent être fixés par un signe extérieur.