Sur Actes des Apôtres 27, 27-44
Dans le jeu des symboles
Mgr Jacques Perrier
Petit traité de la foi catholique, p. 137s

L’Esprit Saint ne cherche pas à se faire connaître lui-même, mais il se laisse pressentir par diverses images : la colombe vient sur Jésus au jour de son baptême, l’eau coule de son côté transpercé, le vrai Temple de Dieu, le feu se répartit en langues sur les disciples au jour de la Pentecôte. Le feu dit la chaleur, la purification, mais aussi la divinité elle-même : Dieu se révèle à Moïse pour la première fois par le signe du buisson qui brûle sans se consumer. Quant aux langues, elles nous disent que l’Esprit Saint fait parler ; dans le Credo, nous proclamons que l’Esprit Saint « a parlé par les prophètes ».
Laissons-nous conduire aussi par d’autres symboles. Tous sont importants, car ils se corrigent les uns les autres et empêchent de confondre le symbole et la réalité elle-même.
Que ce soit en hébreu, en grec ou en latin, le mot esprit fait penser au souffle, à l’air que tout vivant respire. Le symbole est ouvert, car le souffle qui pénètre à l’intérieur est aussi le vent qui entraîne irrésistiblement ou enveloppe doucement tous les êtres sur lesquels il a prise. Quand il crée l’homme, Dieu lui communique son propre souffle, et pour donner à ses apôtres le pouvoir de remettre les péchés, Jésus, à son tour, souffle sur eux, ou, plus exactement, en eux. Le symbolisme du vent n’a cependant pas disparu puisque la scène de la Pentecôte s’ouvre par un violent coup de vent. Respectons le symbole dans toute son ampleur.
Autre symbole qu’il ne faut pas trop simplifier : l’huile parfumée, appelée dans la liturgie le saint chrême. C’est par une onction de saint chrême que David est devenu roi : « chrême », « Christ » et « chrétien » sont de la même famille. Comme l’huile, le chrême pénètre ; comme parfum, il se répand. Saint Paul parle du sceau dont nous avons été marqués par l’Esprit de la promesse : le sceau est imprimé, mais, simultanément, il rend repérable à l’extérieur. L’Esprit Saint est peut-être celui qui détient la clé du conflit qui oppose d’habitude l’extérieur et l’intérieur.