sur Actes des Apôtres 27, 1-20
Commentaire du verset 11 du Prologue de la Règle de saint Benoît
Smaragde
Commentaire du Prologue à la Règle de saint Benoît, p. 147s

Smaragde, moine bénédictin du IXème siècle, originaire d’Espagne, moine en Aquitaine, où il enseigne la grammaire, conseiller de Charlemagne et de Louis-le-Pieux, Abbé de Saint-Mihiel-sur-Meuse, non loin de Verdun, il écrivit bien des ouvrages, dont le premier commentaire connu de la Règle de saint Benoît qui nous soit parvenu.

Celui qui a des oreilles qu’il écoute ce que l‘Esprit dit aux Eglises, écrit saint Benoît.
Celui qui a des oreilles. Benoît parle ici des oreilles du cœur, non point celles du corps, car celui qui a des oreilles pour entendre, c’est celui qui accomplit dans ses œuvres ce qu’il comprend par le cœur, c’est celui qui confie à sa mémoire les préceptes du Seigneur, qui garde ce dépôt pour le rendre au Seigneur avec un gain bien plus grand. Qui ne garde pas les commandements du Seigneur dans sa mémoire, qui ne les accomplit guère dans ses œuvres, que ne les garde pas dans le secret de son cœur, qui ne les applique pas, celui-là n’a pas d’oreilles pour entendre
Qu’il écoute ce que l’Esprit dit aux Eglises. Qu’il écoute, c’est-à-dire qu’il comprenne ; ce que l’Esprit, c’est-à-dire l’Esprit tout-puissant, l’Esprit Saint, cet Esprit qui « rend témoignage à notre esprit que nous sommes fils de Dieu », et à propos duquel l’apôtre dit : « Vous êtes le Temple de Dieu et l’Esprit Saint habite en vous ». Il est appelé Esprit Saint en tant qu’il souffle quelque chose. L’Esprit est appelé saint parce qu’il est la sainteté du Père et du Fils. Car bien que le Père soit Esprit et le Fils pareillement, tout comme le Père est saint et le Fils semblablement, cependant l’Esprit lui-même est à proprement parler appelé Esprit Saint, en tant que sa sainteté est consubstantielle aux deux. Le mot grec ecclesia se traduit en latin convocatio, convocation, parce que l’Eglise appelle tous les fidèles à elle. Et puisqu’elle est une Eglise universelle, c’est-à-dire catholique, les sept Eglises de l’Apocalypse sont décrites par Jean à cause de la plénitude uniforme de l’Esprit, c’est-à-dire « l’Esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de science, de piété, et de la crainte de Dieu.