Mémoire de sainte Elisabeth de Hongrie
sur Ezéchiel 13, 1-16
Elisabeth de Hongrie et les pauvres
Jeanne Ancelet-Hustach
Sainte Elisabeth de Hongrie, p. 166s
L’exemple de François et de Claire d’Assise a joué un rôle important dans la formation charitable de sainte Elisabeth de Hongrie. Aux pauvres, ceux du moins qui sont à la portée de sa main et de son cœur, Elisabeth se donnera.
Rien n’est plus plausible que de voir dans cette misère, qui a si souvent régné en Thuringe au temps d’Elisabeth, non seulement l’occasion de sa charité, mais le moyen dont Dieu se sert pour l’inspirer : elle révèlera par ses actes sa compassion pour les foules malheureuses. Elisabeth sait que les grands de ce monde auxquels sa naissance et sa famille d’adoption l’attachent, son mari comme son père et son beau-père ne sont pas étrangers à la grande misère qui sévit en Thuringe. Elle refuse de manger la nourriture injustement acquise, et rejette avec une sainte fierté les biens volés aux pauvres. « Rendons à notre frère ce que nous lui avons emprunté », a dit François d’Assise. Ainsi pense Elisabeth. Humainement elle a des raisons bien plus valables que François de penser cela, aussi son amour voudra-t-il restituer aux humbles de ce monde quelques-uns des biens dont la cupidité ou l’ambition des grands les ont dépouillés.
Elle va souvent visiter les pauvres femmes en couche, et quand on lui adresse une requête en leur nom ou de la part de malades, elle s’informe de leur habitation afin que la vue de leurs misères l’excite davantage encore à la pitié. Quelque que soit la longueur du trajet qui la conduit vers eux par des chemins boueux et difficiles, elle se rend jusqu’à leurs masures afin de leur apporter, en même temps que le nécessaire, le réconfort de sa présence ; et elle s’approche d’eux sans redouter la malpropreté. Un jour, apprenant pendant sa visite qu’un pauvre infirme est inquiété à cause de ses dettes, elle paye celles-ci à sa place.
Le jour du Jeudi Saint, elle accomplit solennellement le lavement des pieds. Il arriva une fois que, pour cette cérémonie, elle réunit de nombreux lépreux, leur lava les mains et les pieds, et que, prosternée très humblement devant eux, elle baisa leurs ulcères. La fille de saint François a ainsi renouvelé le geste de son père ! Par la suite, chaque fois qu’elle rencontrait des lépreux, elle s’asseyait près d’eux, les consolait, les exhortait, leur distribuait d’abondantes aumônes sans plus redouter leur présence que celle des biens portants.