Les Actes des Apôtres 20, 17-38

Aux anciens d’Ephèse

Saint Jean Chrysostome

Homélie 45 sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 300s

 

       Ce que l’Apôtre Paul écrit dans ses lettres, il le disait également dans ses exhortations : il passe de la harangue à la prière. Comme il venait de les frapper de terreur en leur disant : Des loups rapaces s’introduiront chez vous, il ne veut pas les jeter dans la consternation et le désespoir ; c’est pour cela qu’il prend un ton plus consolant : Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, c’est-à-dire à sa grâce elle-même. Expression fort juste, car c’est la grâce qui sauve. Aussi l’Apôtre rappelle-t-il souvent cette grâce aux fidèles, soit pour raviver leur zèle, soit pour ranimer leur confiance. IL ne dit pas seulement : Qui peut  vous édifier, mais : Qui peut vous surédifier ? Ils avaient déjà été édifiés.

       Il vient ensuite à l’espérance des biens à venir : Et vous donner part à son héritage avec tous les saints. Nouvelle exhortation : Je n’ai désiré ni l’or, ni l’argent, ni le vêtement de personne. Guerre à la cupidité source de tous les maux : Ni l’or, ni l’argent… Il ne dit pas : Je n’ai pris ni l’or, ni l’argent, ni le vêtement de personne, mais : Je n’ai pas convoité…. Cela n’est pas encore grand ; voici maintenant qui l’est : Les mains que voici, vous le savez, ont pourvu à mes besoins et à ceux de mes compagnons. C’est en peinant de la sorte qu’il faut venir en aide aux faibles. Le voyez-vous travaillant de ses mains, et travaillant péniblement ? Ces mains ont fourni, à moi et à ceux qui étaient avec moi, le nécessaire. C’est le ton de l’exhortation. Quelle convenance dans ce langage ! Il ne dit pas : Afin que vous soyez au-dessus des richesses, mais : C’est ainsi qu’il faut recevoir les faibles. Non pas tout le monde, mais les faibles. Et se souvenir de cette parole du Seigneur Jésus : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Cette parole du Seigneur a pour but de leur ôter la pensée que ce conseil les regardait seuls, et qu’il prétendait leur donner un exemple selon ce qui est dit ailleurs : Donnez-vous l’exemple les uns aux autres.

          A ces conseils, il joignait la prière, et il le fit sous leurs yeux : Quand il eut dit ces paroles, il se mit à genoux et pria avec eux tous. Il pria, non d’une manière quelconque, mais le cœur profondément ému. Grande consolation que celle-là ! Vraiment, il les consolait quand il leur disait : Je vous recommande au Seigneur. Alors, tous les fidèles éclatèrent en larmes, et, se jetant au cou de Paul, ils l’embrassaient, affligés surtout de ce qu’il leur avait dit qu’ils ne verraient plus sa face. Ils le conduisirent jusqu’au vaisseau. Des loups paraîtront, leur avait-il dit, affirmation bien propre à les affliger. Mais ce qui les tourmentaient le plus et les pénétrait d’angoisse, c’était d’entendre qu’ils ne le verraient plus. Tel était leur amour, telles étaient leurs dispositions à son égard.