Actes 17, 19-34

La résurrection des morts

Père Louis Barlet et Chantal Guillermain

Le Beau Christ en Actes, p. 189s

       Ce mot de résurrection des morts déclenche l’ironie, les sarcasmes… et provoque le quasi-échec de Paul ; ce mot, comment les Athéniens l’entendent-ils ? L’anthropologie grecque sépare et oppose les composantes de l’homme que sont l’âme et le corps. L’âme est un principe spirituel, enfermé dans le corps comme dans une prison. De ce fait, le corps matériel est déconsidéré, voire méprisé ; le meilleur pour l’âme est donc d’en être détaché, libéré par la mort. Selon cette conception, la résurrection ne peut être considérée comme un avantage si on la compare à l’immortalité de l’âme. C’est pourquoi d’aucuns rient et quittent la place. Et Paul fait de même.

       Pour la pensée juive au contraire, l’âme n’a pas d’existence sans le corps, l’homme est corps et âme, animé d’esprit, et la résurrection des morts est l’acte par lequel Dieu, le Dieu vivant, relève l’homme tout entier pour le faire entrer dans un mode d’existence absolument neuf : la vie avec Dieu. C’est cette pensée qui est au cœur du message de Paul : lui, le pharisien, croit en Celui qui a la puissance de relever, de réveiller les morts ; Dieu qui a ressuscité Jésus, premier d’entre les morts. De cette foi et de l’espérance qui en découle, tout homme ressuscitera, Paul en témoignera à Césarée. Pour l’heure, à Athènes, à côté des moqueurs, quelques-uns de ceux qui l’écoutent, hommes et femmes, attirés et touchés par sa parole sur la résurrection, deviennent croyants.

       Parmi les Juifs, cependant, une même division de l’auditoire surviendra entre les pharisiens qui croient à la résurrection et les sadducéens qui la nient, lorsque Paul comparaîtra devant le Sanhédrin, créant un beau tapage.

       En tout cela, c’est Dieu qui a donné l’impulsion du passage de Paul et de ses compagnons en Grèce ; cependant les missionnaires agissent en pleine autonomie, ils sont guidés par l’Esprit-Saint, mais les difficultés ne leur sont pas épargnées, et ils ont à chercher la meilleure trajectoire en fonction des circonstances ou des menaces qui se présentent. Paul adapte son langage pour faire comprendre au mieux son message. En outre, la liberté des auditeurs est entière : les uns s’ouvrent aux paroles de Paul, tandis que d’autres y sont insensibles.