Hébreux 9, 11-28

« Par son propre sang le Christ est entré dans le sanctuaire »

Père Bourgin

Le sang du Christ et le culte spirituel, AS 34, 1963, p. 37s

        Dans l’ancienne Alliance, le principal élément matériel du culte était le sang des victimes : le grand prêtre n’entrait pas dans le sanctuaire sans s’être muni du sang qu’il offrait pour les manquements de lui-même et du peuple. Quel est le symbolisme et l’efficacité de l’aspersion du sang effectué par le prêtre ?

        Que lisons-nous dans le livre du Lévitique ? La vie de la chair est dans le sang. Ce sang, je vous l’ai donné, moi, pour en faire sur l’autel le rite d’expiation pour vos vies, car c’est le sang qui expie par la vie. Le sang versé contient la vie, ou l’âme ; or la vie est la propriété de celui qui la donne : le Créateur. Dans le sacrifice, la vie par le sang versé, fait retour à Dieu.

        Le choix du sang comme moyen d’expiation repose sur un très beau symbolisme : l’efficacité du sang, la vie, est considérée à des points de vue différents, c’est un moyen d’expiation, c’est un moyen de purification ; la mort qui rend l’effusion de sang valable est le sceau de la validité d’une alliance, mais aucune de ces vues n’épuise la signification de ce qui est la plénitude d’une vie rendue susceptible de valoir pour d’autres. Le sang de l’expiation signifie une vie donnée pour effacer le péché ; le sang de l’alliance, l’échange de vie entre les contractants ; le sang des sacrifices de dédicace ou de consécration, le passage des objets ou des personnes en cause dans la sphère de la vie divine.

        Pour mener à bien la comparaison des rites anciens et des rites nouveaux, l’auteur de la lettre aux Hébreux développe le principe posé : la valeur du sacrifice se mesure à la valeur de la victime, la valeur du sang à la valeur de qui le verse.

        L’oblation de Jésus est parfaitement efficace, elle nous atteint à l’intime de nous-mêmes, dans notre conscience ; elle nous purifie des œuvres mortes, c’est-à-dire des péchés. L’expression vaut la peine qu’on la médite : est péché tout acte humain qui, tout en ayant son efficacité naturelle, est posé en dehors de la communion avec le Dieu vivant. Sous l’angle de la vie éternelle, cet acte se révèle stérile, mort, c’est une action qui a été faite séparément de Celui qui est la Vie.

        Mais par le sang du Christ, l’activité humaine peut cesser de périr ; elle peut être consacrée à Dieu, car, du fait de leur purification, les hommes peuvent servir le Dieu Vivant, peuvent rendre un culte au Dieu Vivant. Notre culte est donc un culte spirituel, lors même qu’il est sacramentel : toute l’économie chrétienne vise à rendre les hommes parfaits en leur conscience, afin qu’ils soient des adorateurs en esprit et en vérité.