Hébreux 10, 1-10

L’unique sacrifice efficace

Saint Jean Chrysostome

Homélies sur l’épître aux Hébreux, homélie 18, OC 20, p. 302s

        Par ce qu’il a dit plus haut, l’auteur de la lettre aux Hébreux a démontré que les sacrifices étaient impuissants à procurer une parfaite purification : ils étaient seulement des figures, mais combien déficientes ! Mais alors se présente une objection à cette argumentation. Si ce sont des figures, comment se fait-il qu’après l’arrivée de la vérité les sacrifices n’aient pas cessé et cédé la place, mais qu’ils aient continué à être offerts ? Il répond à cette objection en démontrant qu’ils ne sont plus offerts, pas même à titre de symbole, car Dieu ne les reçoit pas. Et il prouve cela, non à partir du Nouveau Testament, mais à partir des prophètes, en s’appuyant ainsi sur un témoignage invoqué de loin pour que l’on comprenne que les sacrifices doivent finir, et que ceux qui persistent à les offrir agissent témérairement, car ils s’opposent à l’Esprit Saint. Aussi l’auteur montre qu’ils ont cessé, non seulement maintenant, mais dès le moment de la venue du Messie, ou plutôt qu’ils avaient cessé même avant sa venue. Ce n’est pas le Christ qui les a abolis, ils étaient déjà abolis auparavant, et c’est alors qu’il est venu ; ils ont cessé d’être, en premier, et ensuite il est venu.

        Il devient évident que Dieu ne veut plus des sacrifices, et que c’est contre son gré qu’on lui en offre. Que signifie la parole du Christ : Je viens pour faire ta volonté ? Cela veut dire qu’il est venu pour se livrer, puisque telle est la volonté de Dieu. Et c’est cette volonté qui nous a sanctifiés. Ceci signifie, d’une autre manière, que les hommes ne se sanctifient pas par les sacrifices, mais par la volonté de Dieu qui n’admet plus ce culte.

        L’auteur nous explique comment nous avons été sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus-Christ qui a été faite une seule fois, au lieu que tous les prêtres se présentent tous les jours devant Dieu pour offrir toujours les mêmes sacrifices. Se tenir en présence de Dieu est le signe qu’on est son ministre, s’asseoir auprès de lui prouve qu’on reçoit de lui le sacrifice : Par un sacrifice unique il a mené pour toujours à l’accomplissement ceux qu’il sanctifie ; c’est ce que l’Esprit-Saint nous atteste lui aussi. Car après avoir dit : Voici l’Alliance par laquelle je m’allierai avec eux après ces jours-là ; le Seigneur a déclaré : En donnant mes lois, c’est dans leurs cœurs et dans leur pensée que je les inscrirai. Et de leurs péchés et de leurs iniquités, je ne me souviendrai plus.