Matthieu 2, 1-12

Vénérons la gloire du Christ

Saint John-Henry Newman

Sermons paroissiaux, tome 7, Le renoncement chrétien, p. 68s

         Le temps de l’Epiphanie est spécialement voué à la vénération de la gloire du Christ. Le mot lui-même, Epiphanie, signifie manifestation de gloire, et nous incite à le contempler en majesté sur son trône, entouré de sa cour, de tous ses serviteurs et de ses gardes. Il est Celui devant qui nous nous prosternons. C’est à ce moment-là seulement de son histoire terrestre que le Seigneur a accompli ce dont Salomon est la figure, qu’il a, en quelque sorte, tenu une cour et reçu l’hommage de ses sujets. Nouveau-né, il trônait dans les bras de sa Mère Immaculée : il avait pour salle d’audience une chaumière ou une grotte, pour courtisans des sages venus d’Orient avec leurs présents, l’or, l’encens et la myrrhe. Tout autour de lui paraissait normal, sauf au regard de la foi : un seul détail marquait sa nature divine. De même que les grands de ce monde sont souvent vêtus simplement et ont l’air ordinaires, à l’exception peut-être de quelques précieux ornements sur la poitrine et au front, de même le Fils de Marie, dans son humble demeure et sous l’apparence d’un enfant, a été désigné comme le Fils du Très-Haut, le Père du Temps, le Prince de la paix, par une étoile : phénomène miraculeux qui avait guidé les Mages depuis l’Orient jusqu’à Bethléem.

        Telle est donc la nature de ce temps sacré : nos prières en ce temps sacré présentent souvent l’image d’un roi en majesté, d’un souverain entouré de ses sujets, d’un prince assis sur son trône de gloire. On ne trouve pas trace de guerre, de conflit, de souffrance, de triomphe ou de vengeance pendant l’Epiphanie ; mais on y voit majesté, puissance, prospérité, splendeur, sérénité, bienveillance. C’est le moment ou jamais de dire : Le Seigneur réside dans son Temple saint : silence devant lui, terre entière ! Le Seigneur a siégé pour le déluge, le Seigneur siège en roi éternel. Avec nous, Dieu des Armées, citadelle pour nous le Dieu de Jacob ! Entrez, courbons-nous, prosternons-nous, devant son marchepied : lui, il est saint. Rapportez à Dieu la gloire de son nom, présentez l’oblation, portez-la devant lui, adorez Dieu dans son parvis de sainteté.