Genèse 19, 1-17+23-29

La première succession des apôtres

Eusèbe de Césarée

Histoire Ecclésiastique, III, IV, 1-6, SC 31, p. 100s

        Que Paul a prêché aux Gentils et qu’il a posé les fondements des Eglises depuis Jérusalem et autour d’elle jusqu’à l’Illyricum, cela est évident d’après ses propres paroles et d’après ce que Luc a raconté dans les Actes. Les paroles de Pierre apprennent aussi dans quelles provinces celui-ci a évangélisé, transmettant la doctrine du Nouveau Testament à ceux de la circoncision : cela est clair d’après son épître écrite pour les Hébreux vivants dans la dispersion du Pont, de Galatie, de Cappadoce, d’Asie et de Bithynie.

        Combien de disciples de ces apôtres y eut-il et parmi eux combien devinrent assez zélés pour être jugés capables, après épreuve, de paître les Eglises fondées par les apôtres, il n’est pas facile de le dire, à l’exception de ceux dont on peut recueillir les noms dans les écrits de Paul. De ce dernier, un très grand nombre furent ses auxiliaires, et comme il les appelle lui-même, ses compagnons d’armes ; beaucoup ont été jugés par lui dignes d’un souvenir impérissable et il leur rend dans ses propres épîtres un témoignage incessant. Du reste, Luc, dans les Actes, mentionne également les disciples de Paul et les désigne par leurs noms.

        On raconte que Timothée obtint le premier l’épiscopat de l’Eglise d’Ephèse, comme Tite, lui aussi, celui des Eglises de Crète. Quant à Luc, antiochien d’origine et médecin de profession, il fut très longtemps associé à Paul et il vécut plus qu’en passant avec les autres apôtres : c’est d’eux qu’il a appris la thérapeutique des âmes, comme il en a laissé des preuves dans deux livres inspirés par Dieu, l’Evangile qu’il témoigne avoir composé d’après les traditions de ceux qui avaient été dès le commencement les spectateurs et les ministres de la parole, et dont il affirme qu’il les a suivis depuis le début ; et les Actes des Apôtres qu’il a rédigés non pas sans les avoir entendus, mais aussi après les avoir vus de ses yeux. On dit que Paul a coutume de rappeler l’Evangile selon Luc, toutes les fois qu’il écrit, comme s’il parlait d’un évangile qui lui est propre : Selon mon évangile.