Genèse 2,4b-25

Le sixième jour : la création de l’homme et de la femme

Saint Jacques de Saroug

L’Hexaméron de Jacques de Saroug, L’Orient Syrien, 1959, p. 33s

        Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, dit Dieu. Un simple commandement avait fait surgir les autres êtres de la création : Que la lumière soit ! Ou Qu’il y ait un firmament ! Cette fois, Dieu ne dit pas : Qu’il y ait des hommes ! Il précise : Faisons l’homme ! Il estimait, en effet, convenable que fût façonnée de ses propres mains cette statue supérieure à toutes les autres créatures. Cette œuvre lui était particulièrement proche : il l’aimait d’un grand amour. Pour aucune de ses œuvres précédentes, l’Ecriture n’a dit que le Seigneur avait créé à son image. Mais Adam, lui, serait à l’image de Dieu, parce qu’il porterait l’effigie du Fils Unique.

        D’une certaine manière, Adam fut créé à la fois simple et double : Eve se trouvait cachée en lui. Avant même qu’il n’existât, l’homme était destiné au mariage, qui le ramènerait, homme et femme, à un seul corps, comme au commencement. Aucune querelle, aucune discorde ne devait s’élever entre eux. Ils auraient une même pensée, une même volonté.

        Le Seigneur forma Adam de poussière et d’eau ; Eve, il la tira de la chair, des os et du sang d’Adam. Le profond sommeil du premier homme anticipait les mystères de la crucifixion. L’ouverture du côté, c’était le coup de lance porté au Fils Unique ; le sommeil, la mort sur la croix ; le sang et l’eau, la fécondité du baptême. Dieu a formé Adam avec de l’eau, Eve à partir du sang ; de fait, le monde de ce temps se perpétue par l’eau, c’est-à-dire la semence, et par le sang. Mais l’eau et le sang qui coulèrent du côté du Sauveur sont, eux, à l’origine du monde de l’Esprit. Comme Adam donna naissance, sans génération charnelle, à une autre créature, le Fils Unique, seul au Golgotha, engendra au Père de nouveaux enfants par l’Esprit.

        Adam ne souffrit pas du prélèvement fait dans sa chair ; ce qui lui avait été dérobé lui fut rendu, transfiguré par la beauté. Le souffle des vents, le murmure des arbres, le chant des oiseaux appelaient les fiancés : Levez-vous, vous avez assez dormi ! La fête nuptiale vous attend ! Adam vit Eve à ses côtés, celle qui était sa chair et ses os, sa fille, sa sœur, son épouse. Ils se levèrent, enveloppés d’un vêtement de lumière, dans le jour qui leur souriait. Ils étaient au Paradis.