Luc 1, 26-38

Pleine de grâces, prie pour nous

Saint Augustin

Sermon 194, Sur l’annonciation de notre Seigneur, II, OC 20, p. 320s

        L’ange salue la Vierge qui ne reconnaît pas la salutation d’un homme ; celle-ci s’effraie de la nouveauté de ce discours. Mais l’ange Gabriel la rassure : Marie, lui dit-il, ne crains point, tu as trouvé grâce devant Dieu. Mère de mon Seigneur, que ma présence de te trouble pas : je suis venu t’annoncer que tu vas concevoir en ton sein ; ta virginité n’a rien à redouter de ma présence : je viens au nom du Fils lui-même qui doit naître de toi. Le Fils que tu vas concevoir n’est point comparable à un autre homme : c’est le Sauveur de l’univers. Souviens-toi, Marie, de la page du prophète Isaïe : tu y as lu qu’une vierge serait mère. Réjouis-toi, tu as mérité d’être cette vierge ! C’est toi que désigne cette prophétie : tu vas concevoir en ton sein par l’Esprit-Saint sans que le moindre souffle corrupteur ne t’effleure de son aile ! Tu mettras au monde un Fils et ta virginité n’en éprouvera nulle atteinte. Tu concevras, et tu seras à la fois Mère et Vierge sans tache. Ton sein béni portera un fruit sans que s’effeuille le lys de ta chasteté. Et Marie de répondre alors : Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole. Heureuse, bienheureuse obéissance. En faisant à Dieu l’humble offrande de sa foi, la Vierge mérite d’entourer en son sein le créateur de ciel. En elle, le Seigneur accomplit l’antique prophétie d’Osée : J’aime mieux l’obéissance que le sacrifice, la science de Dieu que tous les holocaustes. Ainsi, Marie mérite la gloire : Désormais toutes les générations me diront bienheureuse.

        Vierge bienheureuse, comment te rendre des actions de grâces dignes de toi ? Qui chantera dignement tes louanges quand ton obéissance exemplaire a sauvé le monde de sa perte ? La faiblesse humaine peut-elle te payer un tribut de gloire suffisant alors qu’elle doit à toi seule d’avoir trouvé la voie du salut ? Reçois cependant nos actions de grâces, quelque imparfaites qu’elles soient ; n’en fais pas moins un accueil favorable, intercède toujours pour nous auprès de ton divin Fils. Prête une oreille bienveillante à nos prières, obtiens-nous un salutaire pardon. Que Dieu ne nous impute pas l’insuffisance de nos dons, fais-nous accorder les grâces que sollicite notre foi sincère. Aie pitié de nos craintes, exauce nos vœux. Toi, l’unique refuge des pécheurs, sur ta seule intercession se fonde l’espérance de l’oubli de nos fautes. Laisse monter jusqu’à toi la prière qui t’implore, fais obtenir à chacun l’effet qu’il désire. Daigne intercéder sans cesse pour le peuple de Dieu, Mère bénie du divin Rédempteur de tous les hommes, lui qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.