Actes 17, 19-34

 Paul à Athènes

Mgr Joseph Holzner

Paul de Tarse, p. 243s

          Jusqu’à son arrivée à Athènes, au cours de son activité missionnaire, Paul s’était toujours trouvé sur un terrain préparé d’une certaine façon par le judaïsme ou le prosélytisme. A Athènes, nous assistons à un changement de décor complet. Devant l’Aéropage, Paul se trouve face à une assemblée entièrement païenne. Il change donc de tactique. Son discours essaie de découvrir un point de contact qui permettrait d’aborder le Christ. Chez les Juifs, Paul faisait appel à la Parole de Dieu ; chez les païens, il se référait à l’œuvre de Dieu dans la nature. Chez les Juifs, il s’appuyait sur la révélation divine au cours de l’histoire du salut ; chez les païens, il se référait au témoignage que Dieu se rend à lui-même, par la conscience individuelle et l’expérience intime et personnelle de chacun, spécialement par cette nostalgie d’entrer en contact avec la divinité, largement répandue en Orient et dans les religions à mystères. Le point de contact, que Paul trouva chez les philosophes, n’était nullement conditionné par une parenté spirituelle et un parallélisme de sentiments entre les deux doctrines, mais seulement par une ressemblance lointaine dans les formes d’expressions, ainsi que par la nature universelle de l’âme humaine prédestinée à recevoir la vérité chrétienne, et animée d’un certain besoin de rédemption, où se mêleraient des motifs terrestres et religieux.

          Dans son discours, après un exorde qui aboutit au dieu inconnu, Paul suggère que ce dieu est Dieu créateur et Providence ; son discours comporte plus d’un thème courant dans la prédication juive aux païens ; pour aider ses auditeurs à sortir de l’ignorance, Paul s’efforce de retrouver dans le paganisme des analogies avec son message. Il ne parle ni de la vie, ni de la mort de Jésus, lequel est présenté comme un homme qui sera l’artisan d’un jugement universel ; sa résurrection est affirmée comme une garantie de sa mission de juge confiée par Dieu à Jésus. La parole fatale était tombée : résurrection ! Une hilarité générale éclate, Paul ne peut continuer, il doit interrompre son discours. Les auditeurs cachent leur déception sous une phrase polie, pleine d’ironie : Nous t’écouterons là-dessus une autre fois ! Paul ne réussit pas à fonder une communauté importante à Athènes ; aucune de ses lettres ne mentionne cette ville. Athènes fut une des dernières villes à se convertir au christianisme.