Actes 18, 1-28

 Paul à Corinthe

Claire Patier

Les Actes des Apôtres, p. 73s

          Arrivé à Corinthe, Paul commence à travailler de ses mains en exerçant le métier de fabriquant de tentes : Il se lia avec Priscille et Aquilas, et, comme ils étaient du même métier, il demeura chez eux, et y travailla. Ils étaient de leur état fabriquants de tentes.

          La tradition demandait en effet aux rabbins d’exercer un métier manuel pour vivre et pour enseigner gratuitement la Parole de Dieu : « Ne fais pas de l’étude sacrée une couronne pour t’enorgueillir, ni un instrument de travail. Car ainsi a dit Hillel : Celui qui se sert de la couronne de la Loi, dans une vue intéressée, périra. D’où l’on peut conclure que celui qui tire profit de l’étude sacrée compromet son salut éternel ».

          Paul est à la fois fidèle à cette tradition : Argent, or, vêtement, je n’ai rien convoité de personne : vous savez vous-mêmes qu’à mes besoins et à ceux de mes compagnons ont pourvu les mains que voilà, et en même temps, il  est totalement libre : ce qui importe, ce n’est pas de travailler ou de ne pas travailler, c’est que la Parole puisse poursuivre sa course. Quant à l’humilité de l’évangélisateur, le Seigneur s’en est chargé directement pour Paul qui nous dit : Pour que l’excellence même de ces révélations ne m’enorgueillisse pas, il m’a été mis une écharde en la chair, un ange de Satan chargé de me souffleter pour que je ne m’enorgueillisse pas !

          Une fois qu’il a été rejoint à Corinthe par Silas et Timothée, il est dit qu’il se consacra tout entier à la Parole. On pourrait traduire que Paul était possédé par la Parole, en proie à la Parole, pressé par la Parole, lui qui dira ailleurs : L’amour du Christ nous presse.

          Quand certains sont en proie à la maladie, lui, Paul, est complètement en proie à l’annonce de la Parole, complètement possédé par le désir d’annoncer le Christ. Sa prédication est comme un débordement de ce qui l’habite, ou plutôt de Celui qui l’habite, selon ses propres paroles : pour moi, vivre, c’est le Christ.

          On comprend l’impatience de Paul de voir le Christ reconnu et adoré comme Messie et Sauveur. Transmettre une doctrine ou une opinion peut se faire sans passion et avec une certaine indifférence ; il ne peut pas en être ainsi du missionnaire qui parle de ce qui fait sa vie.