Néhémie, 2, 9-20

Le Temple postexilique

Père Roland de Vaux

Les Institutions de l’Ancien Testament, tome II, p. 162s

          En terre d’exil, Ezéchiel eut la vison d’un Temple nouveau dans une Jérusalem restaurée et idéalisée. Ezéchiel avait vu le Temple de Salomon encore debout, et donna à son sanctuaire la même description essentielle. Cette relation semble avoir inspiré les reconstructions postérieures du Temple, peut-être celle de Zorobabel, plus sûrement le Temple d’Hérode. Ce Temple, décrit par Ezéchiel, s’élève dans un espace sacré, il est isolé du domaine profane, protégé par deux enceintes où des portes contrôlent les entrées, aucun étranger n’y peut pénétrer. Rien n’est dit des installations cultuelles, sauf l’autel des holocaustes devant le Temple : cet autel ressemble à une ziggurat en miniature, avec ses trois étages dont les noms comportent un symbolisme cosmique ; dans le Hêkal, une sorte d’autel en bois, c’est la table qui est devant Dieu, l’ancienne table des pains d’oblation. Dans le Debir, appelé explicitement le Saint des Saints, il n’y a plus l’Arche d’Alliance, mais la gloire du Seigneur emplit le sanctuaire, là où Dieu habite au milieu des enfants d’Israël, comme au désert. Le Temple est le centre de la théocratie restaurée.

          C’est en 538 que Cyrus autorisa les Juifs à revenir à Jérusalem et à y rebâtir le Temple de leur Dieu aux frais du trésor royal ; il leur fit rendre le mobilier d’or et d’argent que Nabuchodonosor avait emporté comme butin.

          Les premiers exilés revenus en Palestine rétablirent un autel sur l’ancien emplacement et commencèrent les travaux du Temple ; il semble qu’on ne fit alors que dégager le tracé des anciens murs et niveler autour ; puis les travaux furent interrompus, par une obstruction des Samaritains et par la négligence des certains Juifs. Ils ne reprirent que la deuxième année de Darius, en 520, sous la direction de Zorobabel et de Josué, avec les encouragements des prophètes Aggée et Zacharie.

          De ce Temple, nous ne savons que peu de choses. Cet édifice avait le même plan que l’ancien, et il est vraisemblable qu’il gardait les mêmes dimensions. Un rapport, que l’on peut lire dans le livre d’Esdras, témoigne que le travail était solide et soigné, et le résultat, s’il n’atteignait pas eu luxe légendaire du Temple de Salomon, dut être convenable.