Job 32,1-6 + 33,1-22

Histoire de famille

Père Alain Marchadour

Les personnages dans l’évangile de Jean, p. 103s

          Sur cette famille de Béthanie, nos connaissances sont parcellaires. Ni Matthieu, ni Marc ne connaissent l’un de ces trois personnages. Seul Luc dispose d’informations qui peuvent recouper celles de Jean.

          Chez Jean les deux sœurs ne se dissocient qu’à partir de l’arrivée de Jésus à Béthanie. Auparavant elles ont en commun d’être deux sœurs, d’avoir un frère malade, d’être aimées de Jésus et de solliciter de lui une intervention en faveur de leur frère Lazare, au nom de son amour pour lui, mais aussi pour elles. L’intervention des sœurs permet d’imaginer une famille proche de Jésus, au point que Lazare se voit attribuer cette appellation élogieuse unique : Celui que tu aimes. Le narrateur élargit à toute la famille l’affection de Jésus : Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur et Lazare.

Apprenant l’arrivée de Jésus, les deux sœurs se séparent, à la fois physiquement et spirituellement. C’est la présence de Jésus qui en est la cause. Marthe intervient la première, tandis que sa sœur Marie reste assise. Marthe se détache du groupe formé par les sœurs et les Juifs, et caractérisé par le deuil. En quittant le groupe, Marthe se dissocie du deuil et se place aux côtés du Seigneur des vivants. Face à Jésus, Marthe se place d’entrée dans une position de croyante, faisant pleinement confiance à Jésus, aussi bien dans sa confession de la foi juive en la résurrection que dans la révélation de sa propre personne comme Vie et résurrection : Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que quoi que tu demandes à Dieu, Dieu te le donneras. L’intervention de Marthe est construite sur une double formule : la première affirme que la présence de Jésus aurait sauvé son frère de la mort ; la seconde soutient que la présence de Jésus permet tous les espoirs.

          Marthe commence par reconnaître la capacité de Jésus d’intervenir en faveur de Lazare. Puis, en s’appuyant sur la réponse de Jésus, ton frère ressuscitera, elle marque son adhésion au Credo du judaïsme sur la résurrection finale. Puis quand Jésus, après s’être effacé derrière la foi juive qu’il partage avec elle, se met lui-même au cœur de son message, elle bascule de l’univers de la connaissance dans celui de la foi : Je crois que tu es le Christ, et elle ajoute le Fils de Dieu. Ce second titre introduit ici s’élève au-dessus de l’horizon juif et proclame la messianité de Jésus qui surpasse toute l’attente juive, dévoilant ainsi son lien unique avec le Père.