Baruch 3,9-15 + 3,24-4,4

« La sagesse, source de la lumière »

Saint Augustin

Quinze livres sur la Trinité, Livre VII, chapitre 3, OC 27, p. 326s

          D’où vient donc que dans les Ecritures il n’est presque jamais parlé de la sagesse que pour la montrer engendrée ou créée par Dieu ? Engendrée, quand il est question de celle par qui tout a été fait, créée au faite, par exemple dans les hommes, lorsqu’ils se convertissent et s’éclairent à la sagesse qui n’est ni créée ni faite, mais qui a été engendrée, attendu que dans ces hommes, elle devient quelque chose que l’on appelle la sagesse. Ou bien encore, quand les Saintes Ecritures déclarent et racontent que : Le Verbe s’est fait chair, et qu’il a habité parmi nous. C’est en effet ainsi que le Christ s’est fait sagesse, c’est en se faisant homme. Serait-ce que la sagesse ne parle point en ces livres, ou n’en est-il rien dit, que pour montrer qu’elle est née de Dieu, ou qu’elle a été faite par lui, bien que le Père lui-même soit aussi sagesse, et parce que nous devons avoir l’œil sur elle et l’imiter, attendu que c’est par son imitation que nous sommes formés ? Car le Père la parle afin que son Verbe, non pas de la même manière qu’est proférée par la bouche une parole qui retentit dans l’air, ou qui est dans la pensée avant d’être parlée ; car cette parole, ce verbe s’accomplit dans des espaces de temps, tandis que l’autre Verbe est éternel, et c’est en nous éclairant qu’il nous dit sur lui et sur le Père ce qu’il faut dire aux hommes. Aussi est-ce pour cela qu’il parle ainsi : Personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils a bien voulu le révéler, attendu que c’est par le Fils, son Fils, que le Père fait ses révélations. Car si la parole, le verbe temporel et transitoire que nous proférons, se manifeste elle-même d’abord, et manifeste ensuite ce dont nous parlons, à combien plus forte raison en est-il du Verbe de Dieu, par qui tout a été fait ? Or, le Verbe montre de la même manière le Père, comme il est le Père, attendu que le Verbe lui-même est ainsi, et est ce qu’est le Père en tant que la sagesse est essence. Car en tant que Verbe, il n’est point ce qu’est le Père, puisque le Verbe n’est point le Père, et que le Verbe est relatif, comme Fils, ce qui n’est point le Père. Voilà pourquoi le Christ est la vertu et la sagesse de Dieu.