Sagesse 5, 1-23

« Justes et impies au jugement »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 1, discours sur les psaumes, tome 1, p. 23s

 

L’impie ne doit-il point ressusciter pour le jugement, puisqu’il est balayé de la terre comme une vaine poussière ? C’est avec justice que le psalmiste dit ici que l’orgueilleux sera frustré de ce qu’il ambitionne, ou du pouvoir de juger : aussi nous fait-il mieux comprendre cette parole dans la phrase suivante : Ni le pécheur dans l’assemblée des justes. Il est d’ordinaire, dans l’Ecriture, que la seconde partie du verset explique la première, en sorte que par l’impie on doit entendre le pécheur, et par le jugement, l’assemblée des justes. Ou du moins, s’il y a entre l’impie et le pécheur cette différence que tout impie soit pécheur, quoique tout pécheur ne soit pas toujours impie, l’impie ne ressuscitera point pour le jugement, c’est-à-dire qu’il ressuscitera, sans aucun doute, mais non point pour être jugé, car il est déjà condamné à des peines indubitables. Mais le pécheur ne se relèvera point dans l’assemblée des justes, ou pour juger, mais bien pour être jugé, comme il est dit de lui dans la première lettre de saint Paul aux Corinthiens : Le feu doit éprouver l’œuvre de chacun : celui dont l’ouvrage pourra résister en recevra la récompense : celui dont l’ouvrage sera consumé en subira la peine ; lui cependant sera sauvé, mais comme par le feu.

 

          Le Seigneur en effet connaît la voie des justes. Comme on dit : La médecine connaît la guérison, mais non la maladie, et toutefois la maladie elle-même est connue par l’art médical ; on peut dire dans le même sens que Dieu connaît la race des justes, mais non la race des impies ; non pas que Dieu ignore quelque chose, bien qu’il dise aux pécheurs : Je ne vous connais point. Mais la voie de l’impie doit périr, se dit dans le même sens que si on lisait : Le Seigneur ne connaît point la voie de l’impie. Mais nous voyons clairement par là que celui qui est ignoré de Dieu doit mourir, comme celui qui en est connu de Dieu doit subsister. En Dieu, être connu, c’est être ; être ignoré, c’est n’être pas. Il a dit en effet : Je suis Celui qui suis, et Celui qui est, m’a envoyé.