Daniel 10,1 – 11,1

La grande vision finale

 

Père Pierre Grelot

Le Livre de Daniel, CE 79, p. 44s

 

La situation de détresse où se trouvait le peuple a conduit Daniel à jeûner pendant trois semaines. Ce trait peut faire allusion à l’interruption de la joie pascale pendant la cessation du culte, sous la persécution d’Antiochus. On sait que les agneaux de la Pâque ne pouvaient être immolés que dans le Temple de Jérusalem, qui était alors profané. La vision a lieu le 24ème jour du mois. Si on fait le compte avec l’ancien calendrier sacerdotal, dont les mois ont 30 jours et dont l’année commence un mercredi, le 24 du 2ème mois est un début de semaine après le sabbat qui suit la semaine des Azymes, jour de l’offrande de la première gerbe.

Daniel se rend au bord du grand fleuve, qui est ici le Tigre. La description de l’ange qui apparaît au voyant s’inspire d’Ezéchiel, mais son costume a une allure sacerdotale, avec sa tunique de lin et sa ceinture d’or. La vision met en fuite les compagnons de Daniel, et le terrifie au point qu’il tombe en léthargie. Mais Daniel, homme des prédilections, est remis debout par l’apparition mystérieuse, car il sera chargé d’une commission importante pour son peuple.

Ici commence la présentation des artisans du combat céleste qui accompagne celui des royaumes terrestres ; chacun d’eux a, là-haut, un « prince » angélique qui le représente et l’accompagne. Michel, « un des princes de premier rang », assiste le peuple de Dieu. Mais il y a aussi un « prince de Perse » et un « prince de Grèce ». Le « prince » qui apparaît à Daniel va lui expliquer la vision compliquée qui suivra.

Le début du dialogue est destiné à réconforter le voyant que l’angoisse a saisi. Quelqu’un qui a « une apparence d’homme » lui touche la bouche et l’invite au courage. Pour finir, le texte met en scène les patrons célestes des pouvoirs terrestres dont l’histoire va être évoquée : le prince de Perse, le prince de Grèce, et « Michel, votre Prince », défenseur du peuple de Dieu. L’ange révélateur avait donc joué ce rôle auprès de Darius le Mède, au moment où s’est réalisée la libération de l’exil. Toute cette chronologie est évidement factice, puisque l’histoire va être racontée après coup !