Exode 1, 8-16 + 22

Meurtres d’enfants dans la Bible

Père Divo Barsotti

Spiritualité de l’Exode, p. 17s

 

De même qu’au commencement Dieu créa le ciel et la terre sans que cette première création n’élimine le vide, l’informe, de même qu’il était nécessaire que, de cette création première, Dieu, par une action à interventions successives, tire les choses et leur donne ordre, beauté, forme, ainsi Dieu crée une multitude qui n’est pas encore un peuple. Israël est comme un chaos sur lequel plane déjà l’Esprit divin. Ce chaos semble destiné à la destruction, non seulement il semble devoir rester informe et vide comme le chaos du commencement du monde, mais il paraît encore devoir retourner au néant. Cependant, Dieu prépare déjà son salut.

Voilà ce que nous devons voir dans le premier chapitre de l’Exode que nous venons d’entendre : le début d’une histoire. La Genèse commençait par le récit de la naissance de la création ; ici, dans l’Exode, l’auteur inspiré nous dit d’abord comment débute l’histoire. Il ne s’agit plus de biographie ; les noms n’ont plus d’importance, les individus par davantage ; l’Exode commence par une longue liste de noms, les noms des fils de Jacob : ils étaient 70 à leur entrée en Egypte, ils sont désormais une multitude, et la grâce tourmente cette multitude, la prépare déjà à l’élection divine ; cette multitude se multiplie malgré le poids de la fatigue, malgré l’opprobre de l’esclavage, le malheur de la persécution, du martyre. Dieu triomphe de la perversité des hommes qui veulent se dresser contre ses desseins en étouffant, en supprimant jusque dans le germe ce peuple qui doit naître et qu’il a élu. Puis le roi ordonne aux sages-femmes du peuple d’Israël de supprimer tous les enfants mâles, or ils n’ont que deux sages-femmes ! Vient alors l’ordre du Pharaon de jeter tous les garçons nouveau-nés dans le fleuve. C’est, pour le peuple, retomber dans le néant, c’est un véritable déluge qui submerge la vie. Le début de l’histoire est donc la mort, la fin. Mais où l’homme finit, l’histoire commence. Elle est véritablement un acte de l’initiative divine, un acte gratuit et miraculeux. C’est là que se trouve la leçon de l’Exode. Tout devait finir et c’est de cette fin même que tout commencera. O desseins de Dieu ! Ressorts de l’action divine ! Moïse sauvé des eaux sera élevé à la cour de Pharaon !

Il n’est pas artificiel de rapprocher le massacre des Innocents du meurtre des  enfants mâles du peuple élu, même si Hérode n’est pas Pharaon, Par ce parallèle, l’Evangile nous invite à lire dans la vie du Christ le nouvel et définitif Exode où le Fils de Dieu sera en personne avec nous, pour se donner cette fois Lui-même en agneau pascal, pour nous faire passer la Mer Rouge, nous amener à une Alliance meilleure encore que celle du Sinaï, et nous introduire à la véritable Terre promise de la Béatitude éternelle.