Isaïe 11, 1-10

Vision d’Isaïe, témoignage de Luc

Saint Maxime de Turin

Sur la Nativité du Seigneur, Ichtus, Le Mystère de Noël, p. 107s

 

Aujourd’hui, Marie enfanta et c’est son Créateur qu’elle mit au monde. Aujourd’hui elle donna au monde un homme qu’elle ne reçut pas par son union avec un homme. Mes frères, en quoi consiste un tel prodige ?

Une chair naît d’une chair, mais sans avoir été engendrée par l’opération de la chair ; un rejeton divin sort du corps mortel d’une femme à la suite d’une conception mystérieuse et en dehors des lois de la nature. Il n’y aurait certes rien d’étonnant à ce que se produise une naissance divine là où n’aurait pas eu lieu une conception humaine ; de même, rien d’admirable à ce qu’un enfantement ne blesse pas une mère qui ne se serait livrée à aucune union charnelle. Mais, Jadis, Isaïe, dans sa vision de l’avenir, révélant aux peuples et aux nations le signe du salut futur, avait dit : Voici qu’une vierge concevra dans son sein et enfantera un fils qu’on appellera Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous. Et pour que nous remarquions l’unité de sens et l’identité du plan divin dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le bienheureux Luc, rapportant d’une manière admirable la génération du Seigneur, écrit : L’Ange Gabriel fut envoyé à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph et lui dit : « Voici que tu concevras dans ton sein et que tu enfanteras un fils que tu appelleras Jésus.

Jésus, frères, se traduit en latin : Salvator. Les témoignages divins se confirment merveilleusement les uns par les autres par l’accord de leurs versets, bien que fussent différents les temps où vécurent leurs auteurs, leurs récits sont identiques. Car l’un atteste l’enfantement de la vierge que l’autre avait prédit. Qui donc hésiterait à croire la divinité du Christ ou la rédemption opérée par celui qu’Isaïe confesse comme Dieu, et Gabriel annonce  comme Sauveur ? Qui douterait que le sein de la Vierge toute pure n’ait fleuri, alors que l’évangélique, l’ange et le prophète le proclament d’une même bouche et sous la même inspiration ? Là où se trouvent des témoins si nombreux de telle valeur, ce n’est pas la vérité qui doit rougir, mais plutôt l’auditeur incrédule qui se sent confondu.