Hébreux 2, 9-17

Tout, dans la nature, se renouvelle pourquoi régulièrement

Saint Augustin

De la Cité de Dieu, Livre XII, chapitre XIII, OC 24, p. 140s

 

Certains invoquent ce passage de Salomon au livre appelé l’Ecclésiaste : Qu’est-ce qui a été ? Cela même qui sera. Qu’est-ce qui a été fait ? Cela même qui se fera. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Qui ouvrira la bouche pour dire : Voici une chose nouvelle ? Elle a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés. Il s’agirait selon eux de ces révolutions qui ramènent aux mêmes états tous les mêmes êtres. Or il est question des mêmes faits qu’autrefois : des générations qui viennent et qui disparaissent, du cours du même soleil, de la chute des torrents ou de toutes les espèces qui naissent et qui meurent. Il y eut en effet des hommes avant nous, il y en a avec nous, il y en aura après nous ; et ainsi des plantes et des animaux. Les monstres eux-mêmes, extraordinaires en leur naissance, bien qu’ils différent entre eux, et que certains, dit-on, soient uniques, sont tous néanmoins des êtres étranges, monstrueux, et comme tels ils ont toujours existés et existeront toujours : ce n’est donc pas chose récente et nouvelle que naisse un monstre sous le soleil. Selon d’autres, il est vrai, ce que le Sage a voulu dire en ce texte, c’est que tout est déjà arrivé dans la prédestination de Dieu : par suite, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

Mais loin de nous de penser que ces paroles de Salomon imposeraient à notre foi ces révolutions des philosophes qui font tourner en cercle les temps et les choses temporelles. Loin de nous, dis-je, de telles croyances ! Une seule fois le Christ est mort pour nos péchés, et, ressuscités d’entre les morts, il ne meurt plus : la mort n’a plus d’empire sur Lui. Et nous, après la résurrection, nous serons éternellement avec le Seigneur, à qui maintenant nous adressons les paroles que nous suggère le psaume sacré : Toi, Seigneur, tu nous prends en ta garde, tu nous protège contre cette engeance jusque dans l’éternité. Mais ce qui suit me paraît assez bien convenir : Vois, les impies marcheront en tournant sur eux-mêmes. Non que leur vie doive tourner et retourner dans ces cercles de leur invention, mais que telle est la voie où ils s’égarent, c’est-à-dire dans leur science mensongère.