Romains 4, 1-25

Croire au mystère

Saint Hilaire de Poitiers

De la Trinité 10, 68,  SC 462, p. 283s

 

          Il n’y a pas de danger à croire, et toute confession de foi conforme à la piété est garantie par le mystère caché en Dieu. Le Christ est né de la Vierge, mais selon les Ecritures, il a été conçu du Saint-Esprit. Le Christ a pleuré, mais selon les Ecritures, il s’est félicité d’avoir pleuré. Le Christ a eu faim aussi, mais selon les Ecritures, privé de nourriture, il a agi en Dieu contre l’arbre dépourvu de fruits. Le Christ a souffert, mais selon les Ecritures, il était sur le point, à ce moment-là, de s’asseoir à la droite de la Puissance. Il s’est plaint d’être abandonné à la mort, mais selon les Ecritures, il a reçu à ce moment-là dans le Royaume du paradis celui qui disait sa foi en lui. Il est mort aussi, mais selon les Ecritures, en ressuscitant il s’est assis en Seigneur à la droite de Dieu. Croire en ce mystère, par suite, c’est la vie ; et cette profession de foi ne souffre pas d’arguties.

          L’apôtre Paul, assurément, n’a laissé aucune possibilité de douter et de dire : le Christ, est né, il a souffert, il est mort, il ressuscite, mais comment, par quelle puissance, selon quelle division, en quelles parties ? Qui est celui qui pleure, celui qui se réjouit, celui qui se plaint, celui qui descend, celui monte ? Montrant au contraire par là le mérite d’une foi qui s’affirme avec une piété absolument sans hésitation, il déclare : La justice, née de la foi, parle ainsi : Ne dis pas en ton cœur : Qui montera au ciel ? Comprends : pour en faire descendre le Christ. Ou bien : Qui descendra dans l’abîme ? Comprends : pour faire remonter le Christ de chez les morts. Mais que dit l’Ecriture ? La parole est près de toi, elle est sur tes lèvres et dans ton cœur ; comprends la parole de foi que nous prêchons. En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé.

          La foi rend le juste accompli, selon ce qui est dit : Abraham crut en Dieu et cela lui fut imputé à justice. Sa foi pleine de piété, ne doutant pas de la toute-puissance de Dieu, n’a pas été arrêtée par les faiblesses naturelles à l’homme, mais méprisant ce qu’il y avait en lui de caduc et terrestre, il a accueilli les assurances de la promesse divine. Rien de plus juste que la foi, car, si l’équité et la modération dans les actions terrestres sont louables, rien cependant n’est plus justifiant pour l’homme que d’avoir cru à la toute-puissance de Dieu pour avoir reconnu l’infinité de son pouvoir.