Isaïe 60, 1-22

Seul l’amour compte

Isabelle Rivière

A chaque jour suffit sa peine, p. 306s

 

Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur.

          Un signe étrange : au ciel, une étoile inconnue, et les voilà précipités, ces mages, ces savants rois, vers ce Quelqu’un de plus grand qu’eux qu’elle leur indique !

Voici la foi toute pure : c’est précisément à ceci que leur science est dépassée, qu’ils ont deviné le doigt de Dieu ; c’est précisément à ceci qu’ils ne comprennent pas qu’ils ont reconnu le Seigneur, le Maître. Juste humilité de l’esprit sensé, simple et sage exercice de l’intelligence droite, qui sait bien que, s’il existe un Dieu, sa nature est d’être incommensurable à la nôtre. Leur science à eux ne se sent pas mortifiée par le mystère : n’est-ce pas elle qui les a menés jusqu’à lui ? S’ils n’eussent connu toutes les étoiles que l’on peut voir au ciel, eussent-ils découvert qu’une inconnue venait d’y apparaître ?

C’est ainsi que nier le mystère est faire preuve d’ignorance et non point de science : la connaissance du négateur ne s’est pas portée assez loin pour atteindre les régions où elle se serait aperçue qu’elle ne peut plus avancer seule. Ne trouver dans le monde aucun mystère, c’est implicitement avouer qu’il n’est pour vous que mystère : tout Jérusalem se fût peut-être porté vers Bethléem avant les Mages, si cette petite flamme nouvelle entre les astres ne lui eût été ni plus ni moins étrangère que l’avaient été jusqu’alors Bételgeuse ou Aldébaran.

Mais non, même s’il eût discerné le signe, tout Jérusalem ne se fût point levé pour aller rendre hommage à l’Enfant-Roi, puisque, le jour où le signe lui est dévoilé, en même temps que ce qu’il veut dire, tout Jérusalem se contente d’être troublé, comme Hérode, et de rester chez soi, comptant sur les Mages pour revenir lui dire si le cas vaut vraiment la peine qu’on se dérange…, bien décidé d’ailleurs à ne pas laisser leur parole l’émouvoir plus profond au retour qu’elle ne l’a fait à l’aller.

Car ce n’est pas la science qui manque à tout Jérusalem pour découvrir Dieu, C’est le désir, c’est l’amour. La science n’est aucunement nécessaire, seul l’est le bon vouloir.