Marc 1, 21-28

« Sors de cet homme »

Saint Jérôme

Homélies sur Marc, SC 494, p. 107s

 

          Celui qui dit : Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? est seul, et il s’exprime au pluriel. En effet, il comprend dans sa défaite que les siens sont vaincus avec lui. Il s’écria comme s’il subissait des tortures, comme s’il était en proie à la douleur, comme s’il ne pouvait pas supporter le fouet.

          Au milieu des tortures, démontrant par son cri la violence de ses tortures, il ne fait pas trêve de ruse. Il est forcé de dire la vérité, les tortures l’y forcent, mais sa méchanceté l’en empêche. Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Pourquoi n’avoues-tu pas qu’il est le Fils de Dieu ? Tu éprouves le châtiment et tu n’avoues pas le nom ? Jésus de Nazareth, es-tu venu pour nous perdre ? C’est la vérité que tu dis maintenant : Tu es venu pour nous perdre ; je sais qui tu es. Voyons ce que tu dis : Le saint de Dieu. Mais Moïse n’était-il pas le saint de Dieu ? Et Isaïe, et Jérémie, n’était-il pas le saint de Dieu ? Avant que tu naisses, je t’ai sanctifiai dans le sein de ta mère : voilà ce qui est dit à Jérémie, et il n’était pas le saint de Dieu ?

          Jésus le menaça en disant : Tais-toi, sors de cet homme. Que ton silence soit ma louange. Je ne veux pas être loué par ta voix : Tais-toi ! Je ne me réjouis pas de tes louanges ; par contre, je me réjouis de ton départ : Sors de cet homme. Laisse cette demeure qui a été préparée pour moi. Le Seigneur veut sa maison propre, nette.

          L’esprit impur, le déchirant avec violence, sortit de lui en poussant un grand cri. Comme il ne pouvait pas blesser l’âme, il blesse le corps, mais comme on ne pouvait pas comprendre autrement que le démon sortait, c’est par des signes physiques que son départ est manifesté. L’esprit impur le déchirant. C’est parce que l’Esprit pur était là, présent avec Jésus, que l’esprit impur s’enfuit. S’écriant d’une voix forte, il sortit de lui. C’est en poussant de grands cris et en déchirant le corps de l’homme que le démon atteste qu’il sort. Sors de cet homme, Jésus n’invoque aucun nom, c’est lui-même qui force l’esprit mauvais à sortir ; il donne à lui-même des ordres, il parle de sa propre autorité.