Romains 10, 1-21

« La foi vient de la prédication »

Saint Thomas d’Aquin

Commentaire de l’épître aux Romains, p. 380s

 

          On est envoyé par le Seigneur de deux manières : selon une première manière, immédiatement par Dieu lui-même, par une inspiration intérieure : Et maintenant le Seigneur et son Esprit m’ont envoyé, dit le prophète Isaïe. Le signe de cette mission, c’est quelquefois l’autorité de la Sainte Ecriture ; ainsi Jean-Baptiste, interrogé sur ce qu’il était, cite l’autorité d’Isaïe en disant : Moi, je suis la voie de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur. D’autres fois, le signe de cette mission est la vérité des choses qu’on annonce. De là, il est dit en sens contraire dans le Deutéronome : Tu auras ce signe : si ce que ce prophète aura prédit au nom du Seigneur n’arrive pas, c’est que le Seigneur n’a pas parlé. Le signe de cette mission est aussi quelquefois l’opération des miracles. Aussi est-il écrit dans l’Exode que lorsque Moïse eut dit au Seigneur : Ils ne me croiront point et ils n’écouteront pas ma voix, à savoir ceux vers lesquels je suis envoyé, le Seigneur lui donna le pouvoir de faire des signes. Toutefois, ces deux derniers signes ne démontrent pas suffisamment la mission de Dieu, en particulier lorsqu’on annonce une doctrine opposée à la foi. Car il est dit dans le Deutéronome : S’il s’élève au milieu de toi un prophète ou quelqu’un qui dise qu’il a vu un songe, qui prédise un signe ou un prodige, si ce qu’il a annoncé arrive, et qu’il te dise : Allons et suivons des dieux étrangers que tu ne connais pas et servons-le, tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur.

          Selon une autre manière, on est envoyé par l’intermédiaire de Dieu par l’autorité des prélats qui tiennent la place de Dieu : Nous avons aussi envoyé avec lui un de nos frères dont on fait l’éloge, à cause de l’Evangile, dans toutes les Eglises.

          L’apôtre cite ensuite une autorité scripturaire pour prouver ce qu’il vient de dire sur la mission des prédicateurs : Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, la paix que le Christ a établie entre les hommes et Dieu, la paix qu’il faut garder avec tous les hommes, enfin ce qui peut donner la paix à l’homme en lui-même. Dans ces trois sortes de paix est contenu tout ce qui dans cette vie est utile pour le salut, soit par rapport à Dieu, soit par rapport au prochain, soit par rapport à soi-même.