Romains 1, 1-17

Dieu, Père, Fils et Esprit

Père Louis Bouyer

Le Père invisible, p. 284s

 

Les textes bibliques aussi bien que liturgiques sont parfaitement clairs sur la possession égale, indivise de la divinité, également par le Fis et l’Esprit-Saint. Mais il reste que son sujet premier, dans leur perspective est et n’est que le Père. Les médiévaux byzantins, aussi bien que les latins, en sont venus à parler de Dieu le Fils, et de Dieu le Saint-Esprit, comme on a toujours parlé de Dieu le Père, mais seule cette dernière expression est biblique, seule elle est traditionnelle au sens de la Tradition apostolique.

Pour la révélation, il n’y a pas de doute : le monothéisme chrétien n’est pas seulement, ni d’abord, celui d’une unique essence divine, il est celui de la monarchie divine du Père, unique principe de la divinité aussi bien que de tout ce qui en découle.

Mais comme Athanase a été peut-être le premier à le concevoir, et certainement le premier à le dire avec une telle netteté, le fait même que Dieu, le Dieu de la Parole biblique arrivée à sa plénitude dans l’Evangile, est Père, non accidentellement, mais essentiellement, a une double implication inévitable : c’est d’abord que son Fils, le Fils, est essentiel à sa vie, à son existence, à sa subsistance éternelle comme Père. Et c’est ensuite que ce Fils est un avec Lui dans son terme, dans sa réalisation éternelle de soi-même, comme il l’est dans son principe.

Cette coïncidence du Fils avec le Père, cette récapitulation du Fils dans le Père a comme son expression, sa réalisation éternelle, dans cet Esprit de vie, et qui repose éternellement sur le Fils comme le don par excellence, le don de se donner, peut-on dire, où la liberté souveraine coïncide avec la fidélité absolue.

Eternellement toute provient du Père comme en dehors de Lui, du seul Père, invisible par lui-même. Tout ce qui sera jamais provient de Lui dans le Fils, comme éternellement inclus en celui-ci. Mais, ou car, tout du Père se livre, se réalise en se livrant si totalement par le Fils que tout, aussi bien, retourne à Lui, remonte vers Lui, se récapitule en Lui par l’Esprit. Toute la vie divine n’est que l’amour donné éternellement, ou plutôt en se donnant, mais cet amour n’est que l’échange par lequel tout découle du Père par le Fils, et reflue à Lui dans l’Esprit.