Romains 5, 1-11

L’homme justifié, réconcilié et sauvé

Origène

PG 14, 993, 996-997, p. 213s

 

          Dans les tribulations des justes, nous devons comprendre non seulement celles qui arrivent de l’extérieur, comme les dommages subis, les maladies, mais encore celles dont les justes se flagellent eux-mêmes en résistant à leurs volontés propres, en réfrénant leurs convoitises, en s’imposant toutes les mortifications que requiert la maîtrise de soi, à l’exemple de l’apôtre Paul dit : Je châtie mon corps et le réduit en servitude. La tribulation n’est pas une angoisse pour les justes, comme l’écrit Paul aux Corinthiens : comment pourrait-il être angoissé, celui que la vertu dilate ? Nous avons appris par l’enseignement du Christ une nouvelle discipline qui nous fait saisir le bien de la patience à travers les tribulations. Et éprouvés par la patience, nous avons l’espérance d’une récompense de la part de Dieu.

          Quel est cet amour que l’apôtre dit avoir été répandu dans nos cœurs : celui par lequel nous aimons Dieu ? Ou celui par lequel nous sommes aimés de Dieu ? S’il s’agit de l’amour par lequel nous aimons Dieu, ces mots n’ont pas besoin de commentaire. Mais si cet amour de Dieu répandu en nos cœurs doit s’entendre de celui par lequel nous sommes aimés de Dieu, alors certainement l’apôtre Paul pose l’amour comme le don suprême, le plus grand don, le don initial reçu de Dieu pour que nous puissions aimer Dieu par cet amour même dont nous sommes aimés de Dieu. Car Paul lui-même parle de l’Esprit d’amour, et l’Ecriture dit bien que Dieu est amour, et que le Christ est appelé le Fils de son amour. S’il est établi que l’Esprit est l’Esprit d’amour, que le Fils est le Fils de son amour, que Dieu est amour, il est certain que le Fils est lui-même de l’unique source qu’est la Déité paternelle, ainsi que l’Esprit Saint, de qui se répand une plénitude d’amour jusque dans le cœur des saints, pour les rendre capables de participer à la nature divine comme l’enseigne l’apôtre Pierre, de sorte que soit accomplie par ce don de l’Esprit Saint cette parole que le Seigneur a dite : Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient UN en nous, c’est-à-dire devenus participants de la nature divine, dans la plénitude de charité apportée par l’Esprit Saint.