Romains 5, 12-21

Adam et Jésus-Christ

Saint Cyrille d’Alexandrie

Deux dialogues christologiques, SC 97, p. 443s

 

          Nous étions sous le coup d’une malédiction par le fait de la transgression d’Adam, tombé dans les rets de la mort parce qu’abandonnés de Dieu ; tout a été fait par le Christ nouveauté et retour à ce que nous étions au commencement. Il fallait pour cela à toute force que le second Adam, celui qui vient du ciel, plus fort que tout péché, deuxièmes prémices toutes saintes et immaculées de notre race, en un mot le Christ, délivre de sa peine la nature humaine, et appelle à nouveau sur elle la céleste bienveillance du Père, et fasse cesser notre délaissement par son obéissance et sa totale soumission. Car, il n’a pas commis de péché : en lui, la nature humaine a gagné en lui d’être irréprochable et au-dessus de tout blâme, au point de pouvoir désormais appeler à grand cri : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

          Réfléchis en effet que c’est seulement après être devenu homme, l’un d’entre nous, et pour la nature humaine entière que le Fils unique lança de telles paroles, qui revenaient à ceci : « Le premier homme a péché, il est tombé dans la désobéissance, il n’a point tenu compte du commandement que tu lui avais enseigné ; les impostures du Dragon lui ont fait perdre toute retenue ; aussi à bon droit, en suite de sa condamnation, a-t-il été soumis à la corruption. Mais tu m‘as fait croître comme un second commencement pour les hommes de la terre. Je suis chargé d’affaire comme un second Adam. En moi, tu vois la nature humaine purifiée, redressée de ses déviations, sainte  et sans souillure. Donne désormais les biens de ta clémence, fais cesser notre état d’abandon, réprimande la corruption, mets un terme à ce qui nous vient de ta colère. J’ai vaincu jusqu’à l’ancien maître en personne, l’antique tyran, Satan lui-même : il n’a trouvé en moi rien qui soit à lui. Tel était donc, à mon avis, le sens des paroles du Sauveur : il appelait la bienveillance du Père, non pas sur lui, mais sur nous.