Romains 2, 1-16

Où donc Dieu habite-t-il ?

Saint Hilaire de Poitiers

Sur le psaume 122, 2-8, PL 10, 468-469

 

Car le ciel que nous contemplons avec nos  yeux de chair, cet éther affermi et devenu firmament, il passera et n’existera plus. Mais le trône du Seigneur demeurera à jamais. Il faut, en effet, que l’habitation soit digne de l’habitant : Dieu, infini et incorruptible, ne peut résider en un lieu périssable. Cherchons donc où Dieu habite…

Que lisons-nous en saint Jean : Le Père est en moi et moi dans le Père. Et Paul nous dit : Dieu se réconciliait dans le Christ avec le monde. C’est-à-dire dans son Fils digne et apte, en qui son Père habite par la vertu d’une même nature. Car le Fils, né du Père, nulle différence de divinité ne les séparera l’un de l’autre. Le Dieu inné, engendrant le Dieu Fils unique demeure en ce dernier, son Fils. C’est en lui que réside notre espérance de connaître le Dieu Fils, car pour le Dieu incréé, personne, si tendu soit-il à scruter le ciel, personne, dis-je, ne peut le connaître, ni le sentir comme Dieu. C’est donc dans le ciel que réside Dieu, dans ce digne habitacle de sa majesté divine.

Mais il existe une autre demeure choisie par Dieu et qui lui est agréable. L’apôtre, en effet, écrit : Nous sommes le temple du Dieu vivant, et ailleurs : Vous êtes le temple de Dieu et l’Esprit de Dieu habite en vous. Si donc, nous qui jadis avons été le limon d’Adam, et si maintenant nous sommes célestes dans le Christ, car le Verbe s’est fait chair, c’est que le Christ habite en nous et avec lui, le Père. Dieu habite donc le ciel, mais aussi ceux qu’en lui il a constitués dignes du ciel.

C’est pourquoi quiconque lève les yeux de l’esprit vers le Seigneur, ne doit point les abaisser, ni les détourner car : Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière n’est plus digne du Royaume de Dieu.

Frères, contemplons le Seigneur avec les yeux de la foi. Comme le serviteur fidèle est attentif au moindre signe de la volonté de son Maître, que notre foi ne soit ni capricieuse, ni variable, ni émoussée par les tentations, mais qu’elle soutienne notre regard, immobile et intangible, fixé vers le Seigneur jusqu’à la consommation de sa miséricorde !