Romains 11, 13-24

Le Christ est la clef des Écritures

Saint Jérôme

Lettre 53 et 58 au prêtre Paulin, Lettres, tome III, p. 23 et 82

 

          Je te le demande, vivre au milieu des textes sacrés, les méditer, ne rien connaître, ne rien chercher d’autre, ne crois-tu pas que c’est déjà, dès ici-bas, habiter le royaume céleste ? Ne sois pas choqué, en lisant les Ecritures, de leur simplicité : elles se présentent de telle sorte qu’elles puissent assez aisément instruire tous les auditoires, le savant comme l’ignorant. Quant à moi, je ne me flatte pas de connaître vraiment les livres saints, je ne prétends pas cueillir sur terre tous les fruits de ces arbres dont les racines sont plantées au ciel, je reconnais seulement avoir la volonté de m’appliquer à leur étude.

          Ecoute-moi donc, toi qui cherches à connaître et à servir le même Seigneur que moi, apprends quelle route tu dois suivre pour arriver à l’intelligence des Ecritures. Tout ce que nous lisons dans les livres divins brille, resplendit à ne considérer que l’écorce, mais combien plus savoureuse en est la moelle ! Qui veut manger l’amande brise la noix. Ote le voile de mes yeux, dit David, et je contemplerai les merveilles de ta loi ! Quand un si grand prophète confesse ses ténèbres et son manque de savoir, nous autres les tout-petits, les nourrissons pour ainsi dire, songe dans quelle nuit d’ignorance nous sommes plongés ! Or, ce voile est placé, non pas sur le visage du seul Moïse, mais aussi sur celui des évangélistes et des apôtres. Aux foules, c’est en paraboles que le Sauveur s’adressait, et, témoignant que ses paroles étaient pleines de mystères, il disait : Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! A moins que ne soient découverts tous les secrets des Ecritures par celui qui possède la clef de David qui ouvre sans qu’on puisse fermer, et qui ferme sans que personne ne  puisse ouvrir, nul autre ne pourra tirer le verrou pour les dévoiler. Si tu possèdes ce fondement, ou plutôt s’il te guidait pour mettre la dernière main à ton œuvre, nous n’aurions rien de plus beau, de plus docte, de plus riche de pensées, de plus spirituel que tes propos.