Deutéronome 6, 4-25

« Ecoute, Israël »

Père Divo Barsotti

Dieu est Dieu, p. 17s

 

          Ecoute Israël. La prière officielle d’Israël est un appel, une invitation à écouter. Ce que l’âme écoute, c’est la proclamation de l’Unité de Dieu, la proclamation du Dieu Un.

          Cette proclamation de Dieu est la vocation de l’homme qui écoute ; et l’homme lui-même doit pour ainsi dire la réaliser à travers le progrès d’une charité parfaite. Et la réalisation de cette Unité de Dieu, à travers la charité, engage l’âme à tel point qu’aucune activité, aucun temps, ne reste libre pour un autre choix. Là est tout le Shema.

Avant tout, c’est une invitation à écouter : Ecoute, Israël. Nous rendons-nous compte de ce que veut dire cette parole, cette formulation vénérable entre toutes les formules de prière qu’a transmises l’antique Israël ? La vision de Dieu est promise seulement pour la fin des temps : nous ne verrons Dieu que quand nous passerons de cette vie : seule la mort rend possible à l’âme cette vision.

L’économie présente est plutôt sous le signe de l’entendre que sous le signe du voir. Toute la vie religieuse, dans le judaïsme d’abord, puis dans le christianisme, se fonde sur l’entendre. Cette économie se terminera pour nous quand se terminera la vie : alors nous n’écouterons plus, alors nous ne vivrons plus la foi, la foi qui dépend précisément de l’entendre, fides ex auditu. Tant que nous vivons dans la foi, nous accueillons le message, nous devons accueillir la parole, nous devons écouter. C’est à quoi nous appelle l’évangile. Pour un instant, il semble que les apôtres aient été soustraits à la condition présente, à l’économie présente de l’entendre : ils voient ; Ils voient Jésus dans la gloire. Il apparaît à leurs yeux, transfiguré. Et la gloire du Fils Unique les comble d’ineffable joie : Qu’on est heureux ici, dit Pierre. Mais même alors la vision n’est pas suffisante, elle ne se produit que pour justifier la nécessité de l‘entendre. Si les apôtres voient Jésus dans la gloire et le reconnaissent comme le Christ, ils ne le reconnaissent que pour l’écouter. Tandis qu’il est transfiguré devant leurs regards, la voix du Père se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui je me complais : écoutez-le.