Actes des Apôtres 11, 1-18

Etabli sur le fondement inébranlable de la foi

Saint Augustin

Sermon 192 Sur la chaire de saint Pierre, OC 20, p. 315s

 

          Vous n’ignorez pas, frères, que saint Pierre mit à profit ses propres erreurs dans la Passion divine, et qu’après avoir renié le Seigneur, il fut jugé le plus excellent auprès de lui. Il devint plus fidèle quand il eut pleuré sur la foi qu’il avait trahie ; aussi recueille-t-il des grâces plus abondantes que celles qu’il avait perdues. Dieu lui confia son troupeau pour le conduire en bon pasteur ; lui qui avait été la faiblesse même, devait être désormais le soutien de tous ; après avoir succombé devant une seule question, il fallait qu’il établit les autres sur le fondement inébranlable de la foi. Aussi est-il appelé la pierre fondamentale de la piété des fidèles selon cette parole du divin maître : Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise. Ce nom lui fut donné, parce que, le premier, il posa les fondements de la foi parmi les nations, parce qu’il est le rocher indestructible sur lequel repose les assises et l’ensemble de l’édifice de Jésus-Christ. C’est pour sa piété que le prince des apôtres est comparé à la pierre, tandis que notre Seigneur doit ce nom à sa puissance, selon ce que dit saint Paul : Ils buvaient de l’eau de la pierre mystérieuse qui les suivait, et cette pierre était Jésus-Christ. Il méritait de partager un même nom avec le Sauveur, l’apôtre qui avait été jugé digne d’être le principal coopérateur à son œuvre. Ils ont construit ensemble le même édifice et c’est Pierre qui bâtit le fondement. C’est Pierre qui plante, c’est le Seigneur qui donne l’accroissement. Pierre mit donc à profit les tentations qui l’éprouvèrent ; ses larmes furent la source de sa joie ; il grandit dans les périls.

          Ainsi lorsque, téméraire voyageur, il s’avance sur les eaux, sa démarche chancelle, mais son affection s’affermit ; son corps périclite, mais sa piété ne se dément pas ; ses pieds s’enfoncent, mais il s’attache à la main de Jésus-Christ. La foi le soutient pendant qu’il sent les flots  s’ouvrir ; troublé par la tempête, il se rassure dans son amour pour le Sauveur. Pierre marche sur la mer, porté plutôt par son affection que par ses pieds.il ne regardait pas sur quoi se poseraient ses pieds, il voyait où s’imprimait les traces de son amour. De la barque où il était en sureté, il a vu son Maître, et guidé par l’affection, il descend dans la mer. C’est Jésus seul qu’il voit. Pierre ne se détourne pas du sillon qui conduit au Seigneur. il marche sur les eaux.