Marc 1, 12-15

« Le Royaume des cieux est proche, repentez-vous »

Saint Césaire d’Arles

Sermon 144, 1-4, CCL 104, p. 593s

 

          Le Royaume des cieux, frères, c’est le Christ qui, nous en avons la certitude, connaît les actes bons et mauvais, juge tous les motifs de nos actes. Aussi nous faut-il devancer Dieu en confessant nos fautes et réprimer tous les dérèglements de l’âme avant le jugement. Nous nous exposons au danger, si nous ne savons pas quel traitement suivre pour guérir du péché. Nous devons nous repentir avant tout parce que nous ne savons pas que nous aurons à rendre compte des raisons de nos dérèglements.

            Voyez combien la bonté de notre Dieu est grande envers nous, si grande qu’il veut remettre le péché de celui qui s’en reconnaît coupable et le répare avant le jugement. Car lui, le juste juge fait toujours précéder le jugement d’un avertissement, pour n’avoir jamais à exercer une justice sévère. Si Dieu veut tirer de nous des ruisseaux de larmes, ce n’est pas pour rien, frères, mais pour que nous puissions recouvrer par le repentir ce que nous avions perdu par la négligence.

            Notre Dieu sait que l’homme n’a pas toujours une volonté droite, et qu’il peut souvent pécher dans sa chair ou commettre des écarts de langage. Aussi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons réparer les dommages que nous avons causés, et nous corriger de nos fautes. Pour être sûrs d’en obtenir le pardon, nous ne devons jamais cesser de regretter nos péchés.

            Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit désespérer, car le Seigneur est d’une générosité si grande qu’il répand de bon cœur les dons de sa miséricorde sur tous ceux qui sont à bout de force. Mais l’un de vous dira peut-être : Pourquoi craindrais-je, puisque je ne fais aucun mal ? Ecoute bien ce que dit l’apôtre Jean : Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Que personne donc ne vous égare, car la pire espèce de péché est de ne pas apercevoir ses péchés. Alors que tous ceux qui reconnaissent leurs fautes peuvent se réconcilier avec Dieu en se repentant, aucun pécheur ne mérite davantage notre pitié que celui qui croit n’avoir rien à se reprocher. Les hommes sont certes pécheurs à des degrés divers, mais il n’y en a aucun qui soit net de toute souillure. Voilà pourquoi il faut que ceux qui se sont rendus coupables d’offenses plus graves implorent leur pardon avec plus de foi. Quant à ceux qui se sont préservés des fautes les plus honteuses, qu’ils prient afin de ne pas les commettre.