1 Corinthiens 7, 1-24

La figure, l’image de l’Eglise

Saint Grégoire l’Illuminateur

Sur les livres de l’Ecriture, PLS 1, 148

           

          Rahab, cette personne qui avait conclu un pacte avec les espions envoyé par Josué afin de reconnaître la ville de Jéricho, bien que l’Ecriture la dise prostituée, portait en elle, à tire d’annonce lointaine, les mystères de l’Eglise vierge, et l’ombre des choses qui viendraient quand les temps seraient accomplis, elle qui, seule protégée tandis que tous les habitants de Jéricho allaient périr, fut réservée pour la vie.

          Au temps où le prophète Osée recevait cet oracle : Prends une épouse de fornication, déjà c’était bien l’image de l’Eglise venant de chez les Gentils qui était préfigurée ; car c’est de la fornication des nations et de la prostitution aux idoles que devait se rassembler le peuple dont l’Eglise tire son nom : car l’Eglise, mot calqué du grec en latin, c’est l’assemblée du peuple. Et de même que, suivant l’apôtre Paul, la femme incroyante est sanctifiée par le mari croyant, l’Eglise elle aussi est sanctifiée, venant de l’incroyance des Gentils, mais comptée désormais comme corps du Christ, dont l’autorité de l’apôtre nous apprend que nous sommes les membres. Donc puisque l’Eglise réunie de la multitude des nations était appelée prostituée dans l’oracle prophétique de ce temps-là, on peut conclure que cette Rahab, hôtesse des saints que sont les deux Hébreux envoyés en éclaireurs, est figure de l’Eglise.

          C’est d’une grand grâce en effet, d’une grande puissance, indulgence et félicité que l’Eglise, venue des Gentils, est dotée par le Christ : grâce à de justes préceptes, elle a retrouvé son intégrité ; par le bienfait de l’Evangile, elle a été sanctifiée ; elle qui, jadis était femme publique, est devenue la chaste épouse du Saint-Esprit. Car de toutes les souillures de ses turpitudes, elle est purifiée en se plongeant dans le bain divin, et elle devient vierge, elle qui avait été courtisane de péché. Comme le Seigneur lui-même le disait aux Juifs : Les courtisanes vous précéderont dans le royaume des cieux. Quand elle est unie au saint corps du Christ, et quand elle est purifiée par la sanctification du bain de vie, alors on dit qu’elle marche en tête dans le Royaume de Dieu. Après cela, il doit vous être clair que Rahab elle-même, hôtesse appartenant à notre peuple de païens, et qui a reçu dans sa maison deux espions d’Israël, recouvrait déjà la figure de l’Eglise venue des nations.