Hébreux 1,1 – 2,4

« Dieu nous a parlé par son Fils »

Saint Léon le Grand

Sermons 24 et 22, SC 22bis, p. 78s et 106s

 

          A tous égards, cet ouvrage est l’un des plus impressionnants du Nouveau Testament. Passionnément épris du Christ, l’auteur de la lettre aux Hébreux offre un nombre exceptionnel de perspectives inoubliables qui ont depuis façonnées le christianisme.

          C’est toujours, en effet, qu’en diverses manières et en diverses mesures, la bonté divine a pris soin du genre humain ; elle a répandu les dons de sa providence dans les siècles passés. Mais dans ces derniers temps, elle a dépassé toute l’abondance de sa bénignité habituelle, car, dans le Christ, c’est la Miséricorde elle-même qui est descendue vers les pécheurs, la Vérité vers les errants, de sorte que le Verbe en personne, coéternel et égal au Père, assume la nature de notre humilité pour l’unir à sa divinité, et que, Dieu né de Dieu, il naisse aussi Homme de l’homme.

          Quand donc furent venus les temps qui d’avance étaient fixés pour la rédemption des hommes, le Christ Jésus, notre Seigneur, aborde notre humble région, descendant de son trône céleste sans quitter la gloire du Père, engendré d’une génération nouvelle selon un ordre nouveau. Ordre nouveau selon lequel, invisible en sa nature, il devint visible en la nôtre ; l’Insaisissable voulut être saisi ; Celui qui demeure avant les temps commença d’être dans le temps. Le Seigneur de tout ce qui existe  couvrit d’ombre l’éclat de sa majesté et prit sur lui la forme d’esclave. Le Dieu impassible ne dédaigna pas d’être homme passible, l’Immortel ne dédaigna pas de se soumettre aux lois de la mort. Naissance nouvelle que celle selon laquelle il est né, conçu par une vierge, né d’une vierge sans qu’un père y mêlât son désir charnel, sans que fût atteinte l’intégrité de sa mère. Une telle origine convenait, en effet, à celui qui serait le Sauveur des hommes, afin que tout à la fois il eût en lui ce qui fait la nature de l’homme et ne connût pas ce qui souille la chair de l’homme. Car le Père de ce Dieu qui naît dans la chair, c’est Dieu lui-même.