Jean 2, 13-25

« En trois jours je le relèverai »

Isaac de l’Etoile

Sermon 40, 16, SC 339, tome III, p. 23s

 

          La relation entre la chair et l’âme, ce lien dans la seule humanité, n’a subi aucune rupture comme salaire d’un péché personnel. Mais pour nous délier des chaînes du péché qui nous entouraient, et dont il était libre, pour nous relier à Dieu, de qui nous étions détachés et à qui il était lié, le Christ a, par un merveilleux mystère, affronté la mort, et il est parvenu à la résurrection, fort de la promesse reçue de la miséricorde et de la patience divine : Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai.

          Détruisez, vous ; moi, je rebâtirai. Moi qui ai bâti le vôtre, je rebâtirai le mien. Vous qui avez mérité la destruction du vôtre, détruisez le mien. Détruisez-le, non comme conséquence d’un péché de ma part, ni par le pouvoir de votre autorité, mais par une disposition de ma volonté. Personne, en effet, ne peut m’enlever la vie, mais quand je veux, je la donne de moi-même, et quand je veux, je la reprends.

          C’est donc selon cette seule relation que le Christ a pu et a voulu mourir et ressusciter ; car, en lui, nous le disions, l’humanité a adhéré indissolublement à la divinité par l’union personnelle, et son âme n’a pas abandonné un instant, pour aucun amour étranger, la joie et l’amour du Verbe. Aussi vivait-il dans sa mort, lui qui mourut gardant sa vie, vivant et mort en un seul et même temps. Par la puissance, son humanité vivait avec la divinité ; et par la charité, son âme raisonnable vivait avec le Verbe de Dieu. Seule la chair est morte par la séparation d’avec l’âme ; et seule elle est ressuscitée en la retrouvant.

          Frères, vous êtes, pour le moment, ressuscités dans l’âme seulement avec le Christ qui est ressuscité dans la chair seulement, recherchez par l’orientation et le désir de l’âme les réalités d’en-haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu avec son corps.

          Recherchez en haut les réalités d’en haut, c’est-à-dire, dans la vérité la vérité, dans le spirituel, le spirituel, dans le céleste, le céleste, dans le divin, le divin. Ils goûtent ce qui est de Dieu et ils marchent dans une nouveauté de vie. Ils sont intimement unis au Christ par une mort semblable à la sienne, car ils sont morts au péché, à la chair et au monde ; ils sont configurés à la résurrection du Christ.