Jean 10, 11-18

Le bon berger donne sa vie pour ses brebis

Saint Basile de Séleucie

Homélie 26 sur le Bon Pasteur, PG 85, col. 218s

 

          C’est un plaisant spectacle qu’un berger gardant son troupeau de brebis sur les monts. Au son de la flûte, il avait fait sortir ses bêtes pour les conduire à la pâture, et les voici maintenant tout à la fois tenues sous le charme de l’instrument, et protégées contre les attaques de bêtes sauvages par le bâton et les armes que le berger a pris soin d’emporter.

            Tel est bien ce grand Berger du peuple chrétien. Regardons notre Pasteur, le Christ. Voyons son savoir-faire plein d’humanité et de tendresse, sa douceur envers les brebis. Il se réjouit de celles qui sont présentes, et va chercher celles qui s’égarent. Montagnes et forêts ne lui font pas peur. Il parcourt les ravins pour arriver jusqu’à la brebis perdue. Même s’il la trouve en piteux état, il ne se met pas en colère, mais touché de compassion, il la prend sur ses épaules et, de sa propre fatigue, guérit la brebis fatiguée. Il ne se soucie pas de sa fatigue, car d’avoir trouvé son bien le paie amplement de sa peine.

            C’est avec raison que le Christ proclame : Je suis le bon Pasteur, je cherche la brebis perdue ; je ramène celle qui s’est égarée, je panse celle qui est blessée, je guéris celle qui est malade ; J’ai vu le troupeau des hommes accablés par la maladie. J’ai vu mes petites brebis fréquenter l’auberge des démons. J’ai vu mon troupeau dépecé par les loups. J’ai vu cela et je ne l’ai pas regardé de haut. Car je suis le bon Pasteur, et le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.

            Pilate a connu ce pasteur. Les Juifs ont connu ce pasteur mis en croix pour son troupeau. Le chœur des prophètes a connu ce pasteur lorsque, bien avant la Passion, il annonçait l’atrocité à venir : Comme une brebis, le voici conduit à la boucherie ; agneau muet devant les tondeurs, il n’a pas ouvert la bouche. Comme une brebis, le Pasteur a offert sa gorge pour ses brebis. Car sa passion était nécessaire. Il expie notre malheur par son malheur. Par sa mort, il remédie à la mort. Par son tombeau, il vide les tombeaux, il ébranle le sol de l’enfer, en fait sauter les verrous. La mort porte une couronne tant que le Christ ne reçoit la mort. Les tombeaux sont lourds et la prison fermée tant que le Pasteur, descendu de la croix, ne vient pas apporter à ses brebis enfermées la joyeuse nouvelle de leur libération. On le voit aux enfers où il donne l’ordre d’élargissement. On le voit appeler à nouveau ses brebis, leur dire son appel des enfers à la vie.

            Le bon Pasteur donne sa vie sur ses brebis : c’est ainsi qu’il se propose de gagner l’affection de ses brebis. Il aime le Christ celui qui sait entendre sa voix.